C’est le héros le plus sombre du Kalevala, comparé par certains au prince de Danemark de Shakespeare , un Hamlet finnois . Impossible de dire ce que l’un doit à l’autre. Plus sage d’y reconnaitre le personnage tragique par excellence que nous trouvons en toute époque et toute latitude quand l’accumulation des drames suggère la malédiction d’une force supérieure, provoquant notre pitié en dépit de ses crimes.
Tout ce qu’il entreprend se retourne en effet contre lui et ses dons exceptionnels qu’il ne sait pas maitriser, lui font commettre des fautes que seul l’amour maternel peut comprendre et pardonner.
Ses malheurs qui l’ont rendu impitoyable et irascible, en font un éternel solitaire fuyant les conséquences de ses actes.
C’est encore une tragédie de la vengeance puisqu’il ne trouver la paix qu’après son accomplissement.
Briévement : Les deux frères Untamo et Kalervo se font la guerre et Untamo tue Kalervo et rase son pays et ses occupants . Seule la femme de Kalervo survit au massacre et est emmenée en servitude chez Utamo . Enceinte elle donne naissance à Kullervo . L'enfant se révélant tout de suite belliqueux, Untamo tente de le supprimer . En vain il échappe par trois fois à la mort grâce à ses dons exceptionnels. Untamo décide alors de l’élever comme un esclave et lui confie des travaux qu’il se révèle incapable d’accomplir , sa force détruisant chaque fois le fruit de son labeur . Untamo décide ensuite de s’en débarrasser en le vendant, loin de lui, au forgeron Ilmarinen . D’abord enchanté par son nouveau travail, Kullervo espère grâce à lui acquérir les armes qui lui permettront de se venger. Mais Ilmarinen le confie à sa femme qui le charge de garder les troupeaux . Le rôle de pâtre semble lui convenir mais la femme du forgeron se moque de lui en plaçant dans le pain de son déjeuner une pierre sur laquelle il brisera son couteau seul objet auquel il tient . Un corbeau lui souffle une vengeance : changer les vaches et les bœufs en loups et et ours qui en rentrant à la ferme déchirent la femme d’Ilmarinen. Redoutant le courroux du forgeron, il s’enfuit et rencontre en chemin une vieille femme qui lui apprend que sa famille est vivante , père mère frères et sœurs . Les retrouvailles sont heureuses assombries cependant par la disparition d’une des sœur de Kullervo. Son père Kalervo lui confie des tâches qu’il gâche comme à son habitude. Finalement il est envoyé pour recouvrer les impôts . Sur le chemin du retour il croise une jeune fille qu’il réussit à séduire .Au matin ils réalisent qu’ils sont frère et sœur et de désespoir la jeune fille court se noyer dans le fleuve.
Accablé il rentre chez lui et ne trouve de réconfort qu’auprès de sa mère qui lui conseille de s’exiler . Kullervo choisit plutôt de reprendre les armes et de partir affronter les troupes d’ Untamo,
afin d’accomplir sa vengeance . Enfin il se suicide sur son épée.
Ce long moment du poème nous offre des passages très poétiques pour évoquer la mélancolie qui envahit périodiquement le malheureux héros accablé par son destin et aussi au chant 32, une ample prière de la femme d’Ilmarinen invoquant les filles de la nature pour protéger ses bêtes au départ saisonnier du troupeau .
Sibélius a mis en musique en 1892 l’histoire de Kullervo dans un poème symphonique éponyme, opus 7