Journal de Citadelle
Ici les nouveautés, les coups de cœur etc...
La vie de Michel- Ange
"Il est, au Museo Nazionale de Florence une statue de marbre, que Michel-Ange appelait le Vainqueur. C'est un jeune homme nu, au beau corps, les cheveux bouclés sur le front bas. Debout et droit, il pose son genou sur le dos d'un prisonnier barbu, qui ploie, et tend sa tête en avant, comme un boeuf. Mais le vainqueur ne le regarde pas. Au moment de frapper il s'arrête, il détourne sa bouche triste et ses yeux indécis. Son bras se replie vers son épaule. Il se rejette en arière ; il ne veut plus de la victoire, elle le dégoûte. Il a vaincu. Il est vaincu.
Cette image du doute héroïque, cette victoire aux ailes brisées, qui, seule de toutes les oeuvres de Michel-Ange, resta jusqu'à sa mort dans son atelier de Florence, et dont Daniele da Volterra, confident de ses pensées, voulait orner son catafalque, c'est Michel-Ange lui-même, et le symbole de toute sa vie...[...] Il n'y a qu'un héroïsme au monde : c'est de voir le monde tel qu'il est, et de l'aimer "
Romain Rolland : La vie de Michel-Ange (1907)
Lettre du 13 août 1935 de Stefan Zweig à Romain Rolland
Une très belle réponse de Stefan Zweig à Romain Rolland qui s'était rendu en URSS du 23 juin au 20 juillet 1935 et avait exprimé son enthousiasme dans une lettre à son ami du 5 août 1935.
C'était à la veille des procès de Moscou, 3 ans avant l' Anschluss, 3 ans avant les accords de Munich ....Dans cette émouvante correspondance apparaissent , exprimées avec toute la delicatesse de Stefan Zweig , les divergences d'opinion auxquelles était confrontée leur profonde amitié. Zweig était loin de partager l'enthousiasme à l'égard de Moscou de Romain Rolland , lequel reprochait à son ami un "optimisme naïf " sur la politique hitlérienne et le poussait à un engagement plus radical.
Romain Rolland et Shakespeare
...Quand il vint me trouver pour la première fois, j’étais encore enfant. Comment était-il entré dans la vieille bibliothèque de province nivernaise ? Mon grand-père avait acheté l’ouvrage en livraisons, aux temps du romantisme, alors qu’il était étudiant à Paris. La traduction était bien terne ; mais elle avait beau étouffer la voix, c’était comme une bande d’oies sauvages, dont les cris passaient, au-dessus des cheminées et des tuiles hâlées, dans le ciel lointain. Un frisson de vie libre et dangereuse ébranlait, un moment, la quiétude de la maison bourgeoise. Il y avait aussi un volume de gravures qui formaient une galerie des Femmes de Shakespeare. Certaines de ces figures, la musique de leurs beaux noms, pénétraient d’un trouble mystérieux et tendre mon coeur d’enfant. Jamais je n’ai oublié ces syllabes magiques : Viola, Perdita, Miranda, Imogène .
Citations de Romain Rolland
Rabindranath Tagore
Edition Quarto Gallimard , établie et annotée par Fabien Chartier
" S'immerger dans l'oeuvre de Rabindranath Tagore (1861-1941), c'est accepter une invitation personnalisée pour un voyage intérieur et sentir la nature exaltée d'un artiste altruiste.Pas toujours en phase avec son époque ni avec ses contemporains, cet intellectuel aux multiples talents (compositeur,chanteur, poète, romancier, dramaturge, acteur, essayiste, peintre), premier non-occidental à recevoir le prix Nobel de littérature (1913), était doté d'une extraordinaire claivoyance : l'élévation des peuples ne pourra se faire qu'au travers du developpement de la connaissance et de l'art et d'une éducation en osmose avec la Nature. Touirné vers l'avenir et la jeunesse, Tagore incarnait- selon Gandhi- la Grande Sentinelle de l'Inde. Fervent défenseur de l'indépendance de son pays, il n'en est pas moins universaliste et prône le dialogue entre l'Est et l'Ouest :"Je ne sais comment mon coeur ouvrit soudain ses portes/Et laissa entrer la foule des mondes, se pressant et se saluant l'un l'autre."
Lui, contemporain du Mahatma Gandhi et de Subbas Chandra Bose,révélation pour W.B. Yeats et André Gide, source d'inspiration pour Jawaharlal Nehru et Romain Rolland, ou compositeur de deux hymlnes nationaux, de l'Inde et du Bangladesh, qui était-il vraiment ?
La présente édition propose au lecteur d'exoplorer cette oeuvre magistrale, en offrant à lire un choix de textes convoquant les différents talents de l'auteur et en replçant l'ensemble dans son contexte historique et culturel unique, celui d"'une Inde en plein éveil indépendantiste. "
(Quatrième de couverture)
Lyonel Feininger
Das hohe Ufer 1923
Lyonel Feininger peintre germano-americain , Ecole du Bauhaus de Weimar, puis Dessau de 1919 à 1933. L'ecole fut fermée par les nazis pour "bolchevisme culturel" et Feininger dont les toiles furent interdites de musées et condamnées en tant qu'art " décadent ou dégénéré" dût s'exiler en 1937. Voir plus d'oeuvres
La lecture par Théo van Rysselberghe
1903 (on peut reconnaître Emile Verhaeren (en veste rouge), Maurice Maeterlinck, André Gide,Henri-Edmond Cross.
(https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Verhaeren#/media/Fichier:Theo_van_Rysselberghe_The_Reading_1903.jpg)
Correspondances entre Romain Rolland et Stefan Zweig (1910-1919)
En 1915, Le prix Nobel de littérature a été attribué à Romain Rolland , tandis qu’il séjournait en Suisse . Agé de 48 ans à la déclaration de guerre entre l’Allemagne et la France Romain Rolland n’était pas mobilisable .Il resta en Suisse et multiplia ses actions en faveur de la paix par ses écrits et par son engagement au sein de la Croix rouge dont le siège était à Genève. Durant toutes ces années il milita en faveur du pacifisme et lança ses appels au rapprochement des peuples. Il entretenait une vaste correspondance avec beaucoup d’intellectuels européens partageant ses idées et notamment avec Stefan Zweig. Zweig Lui adressa ses felicitations auxquelles R.Rolland répondit par cette lettre dans laquelle transparaissent sa générosité , la fidélité à ses convictions et l'amitié entre les eux hommes.