Journal de Citadelle
Ici les nouveautés, les coups de cœur etc...
la chanson noire
Retour sur Pablo Neruda
El Canto General
(1950 - extraits )
Je prends congé, je rentre
chez moi, dans mes rêves,
je retourne en Patagonie
où le vent frappe les étables
où l'océan disperse la glace.
Je ne suis qu'un poète
et je vous aime tous,
je vais errant par le monde que j'aime :
[...]
Je ne suis rien venu résoudre.
Je suis venu ici chanter
je suis venu
afin que tu chantes avec moi.
https://citadelle-fr.com/poesie/poetes/pablo-neruda/pablo-neruda-par-marcenac-et-couffon
Les mots
...Tout ce que vous voudrez, oui monsieur, mais ce sont les mots qui chantent, les mots qui montent et qui descendent... Je me prosterne devant eux... Je les aime je m'y colle, je les traque, je les mords, je les dilapide.. .J'aime tant les mots ..Les mots inattendus.. Ceux que gloutonnement on attend, on guette, jusqu'à ce qu'ils tombent soudain.. Termes aimés... Ils brillent comme des pierres de couleurs, ils sautent comme des poissons de platine, ils sont écume, fil, métal, rosée... Il est des mots que je poursuis... Ils sont si beaux que je veux les mettre tous dans mon poème... Je les attrape au vol quand ils bourdonnent et je les retiens, je les nettoie, je les décortique, je me prépare devant l'assiette, je les sens cristallins, vibrants, éburnéens, végétaux, huileux, comme des fruits, comme des algues, comme des agates, comme des olives... Et alors, je les retourne, je les agite, je les bois, je les avale, je les triture, je les mets sur leur trente et un, je les libère... Je les laisse comme des stalactites dans mon poème, comme des bouts de bois poli, comme du charbon, comme des épaves de naufrage, des présents de la vague... Tout est dans le mot... Une idée entière se modifie parce que le mot a changé de place ou parce qu'un autre mot s'est assis comme un petit roi dans une phrase qui ne l'attendait pas et lui a obéi... Ils on l'ombre, la transparence, le poids, les plumes, le poil, ils ont tout ce qui s'est ajouté à eux à force de rouler dans la rivière, de changer de patrie, d'être des racines..
https://citadelle-fr.com/poesie/poetes/pablo-neruda/pablo-neruda (Du recueil "J'avoue que j'ai vécu")
Edgar Morin
Les heures heureuses de Pascal Quignard
Une belle page Parmi tant d'autres :
Chapitre XIII
Le recoin des souvenirs du monde
A la fin de l’été on range les méduses, les caleçons de bain, les seaux blancs pour ramasser les coquillages, les filets de pêche que les enfants poussaient tout au bord de l’estran dans les mares, à la limite de la mer, les savates en corde et les chapeaux de paille. On replie les chaises longues. On enroule le parasol aux teintes pâlies. On met tout cela au fond du garage.
*
Et nous aussi, quand on s’approche de la mort, on se cache dans le recoin de son salon, dans l’ombre, auprès des petites lampes inclinées qui ne blessent pas les yeux, dans la pudeur de la peau s’un corps que l’âge a enlaidie ou du moins a étirée et a plissée, dans l’évitement du lendemain qui commence de manquer aux heures, dans l’appréhension des maux qui d’une part se multiplient, d’autre part se précisent, se pressentent, finalement se guettent. On se cache dans l’angle des rideaux, près de la fenêtre, dans la compagnie des livres, c’est-à-dire on se cache dans les souvenirs du monde. On se dérobe à sa peur dans les souvenirs les plus vivants qui sont laissés du monde. On se retire dans les moments les plus touchants qui ont vécus au plus tendre et au plus ravageur de l’enfance. On se plait à les mouvoir au fond de nous, à les revivre.
*
Il est bon dans les heures du jour, dans les créations de l’art, de se donner des instants d’appui sur des souvenirs aimés.
C’est d’ailleurs la manière des rêves à l’instant où on ferme les paupières dans la nuit.
[…]
Quand l'actualité se voit en "oeuvre d'art"
Kevin Frayer, photographe canadien, a suivi en 2017, le parcours des Rohingyas, persécutés en Birmanie. Quitter ses racines, s'exiler se fait toujours dans la douleur...
La bombe atomique et l’avenir de l’homme
Texte de Karl Jaspers
(Publié en 1963)
L’appel à une transformation morale de l’humanité
Si important qu’il soit de travailler au renforcement d’institutions politiques et juridiques capables de faire obstacle à la guerre, on sent bien cependant que tout dépendra en définitive de l’esprit qui animera ces institutions. : elles ne joueront un rôle vraiment efficace que si leurs décisions, leurs interventions leur sont dictées par un véritable esprit de paix. Mais comment cet esprit les inspirerait-il s’il n’existait pas dans les peuples eux-mêmes dont elles émanent ? Or pour que l’esprit de paix s’empare des peuples, ne faudrait-il pas une transformation morale de l’humanité ?
Karl Jaspers est de ceux qui n’aperçoivent aucune assurance de salut sans cette transformation.
On peut objecter qu’elle est impossible. Mais il faut bien voir alors, combien restent précaires les perspectives de paix.
On nie l’alternative : ou l’homme se transforme ou il disparait. Il sera toujours comme par le passé. Il n’y aura seulement plus de guerre mondiale. L’établissement d’une situation permanente où l‘on ne ferait plus la guerre, tout en restant sous la menace constante d’un conflit, est tout à fait possible, même vraisemblable. Car la peur de la bombe atomique aura un effet durable. On sait qu’il est insensé de l'employer, parce qu’elle aura pour conséquence la disparition des deux adversaires et non pas une victoire.....
Pour lire le texte de Karl Jaspers
(Photo Freepik)
Hommage à Ryuiki Sakamoto
Ryuichi Sakamoto s'est éteint, mardi 28 mars, à 71 ans.
Anton Tchekhov : La Cerisaie
Lug/Lugus Dieu gaulois
Dieu de la lumière, du voyage et des arts: Anton Glita "Le mystère de ma passion"
Il apparait dans la mythologie celtique , puis repris dans les mythologies irlandaise, brittonnique et gauloise .
Selon l'universitaire Patrice Lajoye, son culte dans la Gaule christianisée sera poursuivi par celui de saint Léonard, représenté tenant des chaînes et qui balise les frontières d'espaces géographique .voir Le dieu Lug sur Wikipédia