Salammbô, fille d'Hamilcar, prêtresse et gardienne du Zaïmph le voile de la suprême déesse Tanit : "Tout à la fois bleuâtre comme la nuit, jaune comme l'aurore , pourpre comme le soleil, nombreux, diaphane, étincelant, léger".
Mâtho convoite l'une et l'autre, la princesse et le symbole de la prospérité et de la puissance de Carthage vouée à la grande déesse.
L'une et l'autre seront le moteur de la révolte des mercenaires puisque c'est pour conquérir la fille d'Hamilcar que le Lybien, dépourvu d'ambition prend la tête des armées rebelles , révèle ses qualités de stratège et lutte à égalité contre le puissant Hamilcar es ses éléphants.
C'est cet amour qui le conduit au coeur de la cité assiégée où il dérobe le Zaimph et peut-être aussi le coeur de Salammbô. (Flaubert est suffisamment ambigü).
Humiliée et suspecte jusque dans l'esprit d'Hamilcar , pressée par son mentor ,elle consent , fut-ce au prix du sacrifice de sa vie, à s'infiltrer dans le camp des barbares jusqu'à la tente de Mâtho où elle reprend le précieux voile, à son adorateur désarmé.
Profitant d'un rebondissement guerrier, elle s'enfuit et ramène le Zaïmph à Carthage.
Après bien des affrontements, la ruse des Puniques et la puissance d'Hamilcar l'emportent sur les mercenaires. Mais c'est à Moloch que la ville rend hommage. Ses prêtres lui offrent les sanglants sacrifices et le long supplice de Mâtho.
Quand il expire enfin, avec les derniers rayons du soleil, Salammbô, elle aussi, s'éteint :"Ainsi mourut la fille d'Hamilcar pour avoir touché au manteau de Tanit."
Flaubert entend-il dans cette conclusion, une vengeance de la divinité ? Responsable de la profanation du voile et de la désaffection des fidèles, Salammbô serait-elle châtiée pour avoir provoqué la chute de la suprême déesse et permis la victoire du principe mâle et de ses grands prêtres ?
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On peut lire Le poème à Flaubert de Albert Glatigny , poète parnassien 1839-1873 : Le voile de Tanit