Un homme avait 3 filles dont deux chipies et l'autre aimante et désintéressée
Un jour il prit le chemin de la ville pour ses affaires .
Il demanda à ses filles quel cadeau leur serait agréable :-« des bijoux « dit l'une et la seconde « - des rubans coûteux. » –« Et pour vous ma fille » demanda-t-il à la troisième. Ramenez moi seulement quelques fleurs que vous trouverez sur votre chemin.
Quand il revint il faisait nuit noire et il se perdit dans la forêt . Après avoir erré longtemps, il se trouva devant une grille qui clôturait le parc d'un sombre château dont la silhouette se dessinait , à peine éclairée par quelques faibles rayons de lune traversant les nuages.
La grille s'ouvrit pourtant facilement, comme la porte du Château, dès qu'il s'en approcha.
Etrangement les choses s'animaient pour le servir ;des candélabres le guidaient en éclairant progressivement son chemin dans les couloirs obscurs, les portes s'ouvraient d'elles-mêmes. Il se retrouva bientôt devant une table accueillante garnie de mets appétissants présentés dans des plats luxueux . Des trésors se répandaient devant lui et s'offraient comme pour le séduire. Mais il était las et renonçant à éclaircir ces mystères, après avoir dîner, il s'assoupit. Quand il se réveilla, le jour commençait à se lever et il décida de repartir tout en regrettant de ne pas pouvoir remercier ses hôtes de tous les bienfaits qu'ils lui avaient prodigués !!
Comme il arrivait près de la grille, il remarqua un splendide rosier couvert de fleurs blanches. Il se souvint alors de la promesse faite à sa fille et il cueillit l'une des roses , la plus belle et la plus parfumée.
Aussitôt le jardin se fit menaçant et dans un bond surgit une bête hideuse qui lui barra la route.
« Tu pouvais prendre lui dit-elle tout ce que j'avais mis à ta disposition dans mon château pour te plaire et chasser ta lassitude, mais de ce rosier qui est mon bien le plus cher par sa beauté tu ne pouvais prendre les fleurs.
Tu seras puni de ton ingratitude en demeurant mon prisonnier.
Terrifié l'homme entendit la sentence de la bête et implora sa clémence, en invoquant l'inquiétude de ses enfants. La Bête se laissa fléchir :
« Je t'accorde de partir si tu me donnes ta parole de revenir ou d'envoyer à ta place quelqu'un qui t'aimera suffisamment pour te remplacer auprès de moi »
« -- Prends ce cheval ; il te suffira de prononcer la formule magique : « Va où je vais Le Magnifique, Va, Va, Va » et il te conduira dans ta demeure ou te ramènera ici quand le moment sera venu ; Garde cette rose ; maintenant elle est à toi »
Et Le Magnifique ramena chez lui le voyageur.
Ses filles s'inquiétèrent bien moins de ce qui lui était arrivé que des cadeaux qu'il avait ramenés. Seule la plus aimante avait vraiment souffert de son absence et accepta avec joie la rose blanche que son père tristement lui offrit . Elle lui avait coûté si cher, pensait-il avec amertume. Il leur conta son aventure et la promesse qu'il avait faite à la Bête de revenir bientôt . Ses filles pleurèrent beaucoup sur cet engagement qui allait les priver de l'affection de leur père mais qui aussi les placerait probablement dans de grandes difficultés puisque aucune d'elles n'était en mesure d'assurer leur subsistance. C'est alors que la plus aimante proposa de se rendre chez la Bête à la place de son père. Celui-ci essaya bien de la dissuader mais la Belle ne céda pas et ses deux autres sœurs flattèrent son dévouement qui les préservait d'une misère certaine.
Et Le Magnifique quand elle prononça la formule magique, emporta la Belle vers le sombre château de la Bête.
Comme pour son père, toutes choses s'animèrent pour la servir et la combler dès qu'elle eut franchi la grille du château. Elle fut installée dans des appartements somptueux et ses modestes habits furent remplacés par des atours dignes d'une reine.
Tout était fait pour son plaisir mais la Belle regrettait la simplicité de sa demeure et redoutait surtout l'apparition de la Bête qui ne manquerait pas de se montrer . Celle-ci apparut en effet le soir suivant . La Belle eut si peur qu'elle s'évanouit ! Lorsqu'elle reprit ses esprits la Bête était là, un peu plus loin, hideuse, et la question qu'elle vint à lui poser effraya encore davantage la Belle :
«-- Voulez-vous devenir ma femme ? »
Malgré ses craintes , elle réussit à dissimuler l'horreur que provoquait en elle cette demande et courageusement elle répondit :
«- Non la Bête, jamais je ne vous épouserai. »
La bête se détourna et, s'éloignant vers le parc, lui annonça que chaque jour à la même heure elle viendrait lui poser la même question et que cette condition était le prix de sa liberté.
Et chaque soir la Bête revint .Et chaque soir la Belle lui faisait la même réponse .
La belle finit par s'habituer à sa présence et ils vinrent à partager de longs moments ensemble.
La Belle faisait en sorte de ne pas voir la Bête et la Bête dissimulait sa laideur autant qu'elle le pouvait.
Chaque soir pourtant, la Bête renouvelait son effroyable question et chaque soir la Belle continuait de lui répondre de la même manière.
La Belle avait auprès d'elle un miroir magique donné par la Bête. Elle pouvait voir dans celui-ci ce qui se passait chez son père et ainsi se consoler un peu de cette séparation ; un jour elle vit dans le miroir que son père était malade et que jour après jour le mal empirait . Craignant sa mort prochaine la Belle supplia la Bête de lui permettre de se rendre auprès de lui . Avec réticence, la Bête finit par y consentir à condition qu'elle emportât avec elle le miroir magique où il se montrerait .
A nouveau le Magnifique emporta la Belle
Elle arriva chez elle parée de ses plus beaux atours .
Son père la voyant se remit bien vite de sa maladie car son mal provenait de l'absence de sa fille mais surtout des remords qu'il concevait de lui avoir laissé prendre sa place auprès de la Bête.
Ses sœurs quant à elles admiraient les parures de la Belle. A l'idée que son retour chez la Bête les priverait de toutes ces richesses, elles incitèrent la Belle à renoncer à sa promesse, feignant un immense chagrin à l'idée de la perdre à nouveau
Avec tristesse la Belle reporta son départ . Elle pouvait voir la bête dans son miroir et sa solitude la peinait ; mais sa famille pesait de tout son poids . Elle en concevait tant de remords qu'elle en vint à dissimuler le miroir sous une épaisse draperie . Mais chaque soir, à l'heure où la bête avait l'habitude de poser la question fatidique, elle ressentait comme un puissant appel qui la pressait de soulever la draperie . Un soir n'y tenant plus elle découvrit le miroir, Elle vit alors la Bête qui se traînait dans les taillis ; elle respirait difficilement et ses yeux à demi- clos révélaient que la vie s' échappait du monstre. N'écoutant plus que sa pitié , elle sauta sur Le Magnifique qui une fois encore la ramena au château.
Découvrant la Bête mourante, elle s'agenouilla près d'elle et prit sa tête dans ses mains.
Sans attendre la question elle lui dit son désir de l'épouser pourvu qu'elle consentît à vivre .Sur les lèvres de la Bête toujours inerte, elle déposa un baiser et comme elle caressait doucement son front, la rude toison disparut laissant apparaître un beau jeune homme qui tenant ses mains serrées dans les siennes lui raconta le terrible sort auquel l'avait condamné un méchant magicien jaloux de sa beauté. Cet aspect hideux et sauvage devait dissimuler pour toujours sa vraie nature aux yeux du monde. Le sortilège cependant, pouvait être vaincu par une âme suffisamment pure qui serait capable de lire sous cet aspect repoussant , ses qualités de cœur , et accepterait de lier sa vie à la sienne en dépit des apparences.