L’étranger
(Le spleen de Paris I , petits poèmes en prose)
Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? Ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d’une parole dont le sens m'est restée jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L’or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !
Le pastel d' Odilon Redon est appelé parfois "le Rêve"
Et si ce visage aux yeux baissés , ou fermés au monde extérieur livrait son secret ....
Pourquoi fermer les yeux ?
Mon monde n'est pas le vôtre
Etranger, différent
Toujours autre et incompris
J'aime plus que tout ce que vous négligez
Je hais ce que vous vénérez
Je n'ai pas trouvé ma place
Alors je ferme les yeux
Je m'échappe dans mon interiorité
Loin, là-bas
où les espaces sont sans limites
Sans espérance et sans désir
Le rêve est mon refuge
Et j'y regarde les nuages