Quelque part sur ce continent lointain
Là où la forêt est plus dense qu'ailleurs
Où les déserts s'étalent sur les hauteurs
Là où les sommets des remparts Andins
Cachent des lacs aussi grands que la mer
Un homme jeune cherche sa vie.
En quête de l'oubli, décidé, il espère
Briser par la distance les trop pesantes chaînes
Qu'un dieu, par lui seul adoré, a forgé
Pour torturer et son âme et son corps
Par un acier brûlant ; l' audacieux,
Entre lui et ce dieu, il a mis l'océan.
Tel un nouveau Caïn, pour fuir ses regards
Il érige des murs, mélangeant à la sueur
Le ciment et le sable en refoulant ses pleurs .
Contre les mots perfides il lui faut un rempart
Ici se parle un tout autre langage
C'est un monde nouveau c'est celui de l'exil
Les chaînes ont tant meurtri ses chairs
Imprimant dans son âme d'insondables blessures
Lui révélant déjà les tourments de l'enfer
Que d'autres cieux il espère, d'autres dieux
Qui le feront renégat, oublieux ,
A sa passion maudite, infidèle , hérétique.
Nature de Ton inépuisable opulence ,
Dispense Tes bienfaits. De sa morbide indifférence
Détourne-le, comble-le de Tes richesses
Et par ce don gratuit que chaque heure renouvelle
Inspire en lui une foi renaissante
Une foi en la vie, le désir du partage.
La terre qu'il foule est rouge
et tu remplis ses yeux de verts et de bleus
De mille chants d'oiseaux s'anime la forêt
Dans Tes lacs les nuages jouent avec son image
Que lui renvoient les eaux dormantes
Guettant les lourdes gouttes de pluie
Annonçant joyeusement l'éveil des torrents.
Les hommes qu'il croise ont le teint chaud
Les yeux profonds , doux comme le velours
Les femmes sont parées de fleurs et d'habits de couleurs
Et jusqu'aux herbes folles qui offrent le plaisir.
Ainsi comblé , apaisé, aimé se verra-t-il enfin aimable
Répondant à ton enchantement L'oubliera-t-il enfin pour enfin s'accepter ?
Et lire dans d'autres yeux l'amour véritable?
(2008)
Photo: Bolivie VS 2008