Eléments biographiques
(Sources : Tchékhov par Henri Troyat, Tchékhov sur Wikipédia, Tchékhov « la dame au petit chien, préface de Roger Grenier )
Anton Tchékhov nait le 17 janvier 1860 Taganrog dans l’Oblast de Rostov au sud-ouest de la Russie. Il meurt de la tuberculose à 44 ans, le 17 juillet 1904 à Badenweller en Allemagne. Il dût lutter toute sa vie contre la maladie qui l’éloignait périodiquement de Moscou où s’était réfugiée sa famille suite aux difficultés financières du père .
Enfance :
« Je n’ai pas eu d’enfance » disait Tchékhov « Le matin je me réveillais en me demandant si je serai battu avant le soir »
Son père était le fils d’ un serf qui avait racheté sa liberté et celle de ses enfants en 1841. Il gérait une petite épicerie à Taganrog mais consacrait son temps aux pratiques religieuses (dévotions et chorales). Tyrannique et brutal, d’une religiosité excessive il persécutait sa femme et ses enfants.
Après la faillite du commerce en 1876 , il dût vendre son maigre bien et s’enfuir à Moscou avec sa famille . Anton Tchékhov resta seul à Taganrog avec un de ses frères pour y terminer sa scolarité . Dans des conditions difficiles, il commença à écrire et à vendre sous pseudonymes, de petits textes qui lui permirent de subvenir à ses besoins et d’aider ses parents qui vivaient dans la misère.
Ayant réussi ses examens il les rejoignit à Moscou et s’inscrivit à l’Université pour se destiner à la médecine.
Sans jamais cesser d’écrire il obtint son diplôme et fut nommé en 1884, moment où apparaissent les premiers signes de tuberculose.
Sa situation financière s’améliora mais surtout grâce à la reconnaissance littéraire dont il commençait à bénéficier en publiant dans des revues à la mode. Ses travaux de médecin ne lui rapportaient guère , car il soignait le plus souvent gratuitement parents et amis. Anton assurait pratiquement le rôle de chef de famille, pour une nombreuses fratrie composée de 4 autres garçons Alexandre, Nicolas, Ivan et Michel et d’une fille Marie dont Anton était particulièrement proche.
En 1885 Tchekhov avait rencontré Alexei Souvorine, un éditeur influent de Saint Pétersbourg dont il devint l’ami jusqu’à ce qu’un différend les éloigne vers 1899 (peut-être lié à leurs positions opposées sur l’affaire Dreyfus. Tchekhov admirait l’engagement de Zola tandis que Souvorine était connu pour ses positions antisémites).
Sa famille qu’il chérissait lui imposait toutefois des conditions de vie difficiles à la fois pour ses travaux d’écriture et pour résister à cette maladie qui l’affaiblissait. Recherchant repos et tranquillité ou climat plus propice, il était toujours en quête de nouvelles demeures déménageant souvent pour se rapprocher du calme et de la nature mais toujours il était poursuivi par parents et amis auxquels ils ne pouvaient refuser sa porte .
Eternel nomade (comme le désigne Henri Troyat)
Son activité littéraire en tant que dramaturge ne lui permettait pas non plus de rester loin des scènes théâtrales et notamment de celles de Saint Pétersbourg ou de Moscou. Tiraillé entre ses besoins de tranquillité et les nécessités mondaines il devait aussi assouvir une perpétuelle soif de voyages et de dépaysement , un besoin de côtoyer des populations diverses dans leur propre environnement, besoin de nouveaux horizons et de nouvelles expériences . Les paysages qu’il découvre lors d’un voyage au Sud de la Russie , à la mer d’Azov et sur le Don, lui inspireront un de ses premiers roman publié sous son nom : La Steppe .
En 1888 il s’installe à Kharkov actuellement en Ukraine où il soigne les malades et visite la région .
S’intéressant à la vie pénitentiaire , il entreprend une expédition à Sakhaline malgré son état de santé qui continue de se dégrader. Il mettra 6 mois pour rejoindre le bagne dans des conditions de voyage très éprouvantes.
Itinéraire : extrait de Wikipédia
Il part enfin le 21 avril, d’abord en train jusqu’à Iaroslavl, puis prend le bateau à vapeur sur la Volga pour Nijni Novgorod et Kazan, puis sur la Kama jusqu’à Perm, puis des calèches à travers l’Oural, Iekaterinbourg, la Sibérie occidentale, Tioumen, Tomsk, Krasnoïarsk et Irkoutsk jusqu’au lac Baïkal et au fleuve Amour, Blagovechtchensk, Khabarovsk, Nikolaïevsk d’où il prend le bateau pour la côte nord de Sakhaline. Le voyage aller dure presque trois mois et, pendant le trajet à travers l’Oural et le lac Baïkal, il emprunte des routes de montagne (le fameux trakt sibérien) très peu carrossables ou bien par endroits interrompues par les inondations de printemps.
Après un séjour de trois mois pendant lequel il se mêle à la vie des prisonniers, des gardiens et des colons , il rentre en Russie par la voie maritime …….Pacifique, Océan Indien, Méditerranée , mer noire) en 1 mois et demi.
L’expérience provoque un tournant dans sa vie ; Elle lui a révélé la pauvreté des régions qu’il a traversées, la cruauté du bagne, la corruption, déclenchant un élan de compassion qui marquera les œuvres de la période de Mélikhovo (biographie de Boris Zaitsev)
Mélikhovo (1892-1899)
En 1891 ,Tchekhov voyage pour la première fois en Europe en compagnie de Souvorine ( Vienne, Venise, Florence, Rome, Paris)
De retour en Russie il veut publier son récit sur Sakhaline pour lequel il se heurte à de nombreuses difficultés pour rassembler les statistiques qui valideront son récit .
Il achète une propriété et s’installe à Mélikhovo au Sud de Moscou et publie en, 1893 « l’ile de Sakhaline »
Quand une épidémie de choléra menace, mettant en pratique son élan humanitaire, il fonde des dispensaires puis des écoles populaires . Il expédie des livres à Taganrog et à Sakhaline.
Durant cette période Il écrit La Mouette, Oncle Vania et des nouvelles (les Moujiks ).
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En 1897 sa santé s’est dégradée Sur les conseils de son médecin il s’installe en Crimée près de Yalta dans une demeure qu’il appelle« la Datcha blanche » à Aoutka
Son père meurt en 1898 , il vend la propriété de Melikhovo
En 1899 à la suite de son différent avec Souvorine il change d’éditeur. Adolf Marx d’origine Allemande acquiert tous les droits sur son œuvre à l’exception du Théâtre.
En 1898 il fait la connaissance de l’actrice Olga Knipper « son grand amour » qu’il épouse en 1901.
Olga poursuit sa carrière à Moscou principalement et Tchekhov fait des aller-retours entre Yalta et Moscou.
A Yalta Il a rencontré Maxime Gorki avec qui il se lie d’amitié et suit les troubles qui secouent la capitale.
En 1900 il publie « Les trois sœurs » et « La cerisaie » sa dernière œuvre . Il voyage encore pour tenter de se soigner , à Nice puis en Allemagne ou il meurt en 1904 à Badenweller.
Relations et amis et un brin de misogynie ?
Comme en témoignent de nombreuses correspondances citées par Henri Troyat dans sa biographie, Tchekhov fut toute sa vie tiraillé entre la foule des relations de ses amis et admirateurs que lui attiraient autant sa célébrité artistique que sa générosité , sa courtoisie ou la solidarité familiale, et ses propres aspirations à la solitude et à l’indépendance. Il entretint de nombreuses amitiés durables comme avec son ami intime le peintre Isaac Lévitan (1860-1900) , avec son éditeur Souverine ou avec Maxime Gorki. Il partagea son amour de la musique avec Tchaikovski et se rapprocha de Zola au moment de l’affaire Dreyfus. De nombreuses actrices ou écrivaines lui firent une cour assidue, dont la femme de lettres Lydia Avilova, …..Hormis sa relation avec Olga Knipper qu’il épousa , on ne lui connait toutefois avec certitude , qu’une seule liaison celle avec l’actrice Lydia Iavorskaïa .(Roger Grenier dans sa préface pour un recueil de nouvelles consacrées aux femmes où abondent les citations de Tchekhov illustrant ses réticences au mariage )
Ami avec la famille Tolstoï, il eut avec l’auteur de Guerre et paix des relations plutôt tumultueuses en raison de l’opposition de leurs caractères et de leurs approches philosophiques notamment sur la religion, l’art et l’éducation des couches populaires suite à l’abolition du servage. Materialiste et incroyant , confiant dans le progrès et la science Tchékhov fut un admirateur de l’écrivain Tolstoï mais il s’éloigna du vieux sage et de ses théories spirituelles tardives. Tolstoï quant à lui, conserva pour Tchékhov une sorte d’affection critique jusqu’à sa mort …..
Ses contemporains et compatriotes sur Citadelle: Litterature russe XIX et XX siècle