Imperceptiblement
Imperceptiblement
La nature s'est mise en deuil.
Les arbres qui flamboyaient
Récemment encore
N'agitent plus que quelques lambeaux
De feuilles rabougries.
Les premières gelées
Ont avachi l'herbe drue
Qui s'est couchée jaunâtre et vaincue
Le long des tristes sillons
Des labours.
Même la pluie ne chante plus,
Ses gouttes glacées martèlent
Sol et visages imprudents
Ou s'embrument
En crachin persistant.
Le soleil s'est mis en absence,
Laissant au gris
La maîtrise du temps.
Rarement quelques rayons,
Pâles et fantomatiques
Chassent les nuages
Et s'imposent dans un ciel délavé.
Du nord déboulent
Les bises précoces
Dans le jardin abandonné
Les roses d'automne
Pleurent leurs derniers pétales ...
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La part du rêve
Un chevalier blanc
Affronte la houle de mes nuages,
Un papillon iridescent
Affole les roses peu sages,
Au sommet d'un vieux mur de pierre
Balancent le bien et le mal,
Dans mes prières
Les anges sont en cavale.
Sans hésiter un corsaire plonge
Dans les embruns de mon rire,
La petite fée des songes
Allume tous les désirs,
Sur l'écume délétère
Frangeant l'infinie grève
De mes pensées douces amères,
Il reste la part du rêve ...
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Amours mortes
Sur les plages désertes
Argentées de lune,
Dans les palais viennois
Aux accords des valses lentes,
Sous les frondaisons mouvantes
Des érables centenaires,
A l'ombre cramoisie
Des rideaux de théâtre,
Sur les sentiers odorants
Qui courent dans les roseraies,
Devant le Taj Mahal,
Et sous le balcon de Juliette
Errent les fantômes légers
Des amours mortes.
Et là haut, sur leurs nuages blancs
Les anges pleurent tout bas.
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