Aube marine
Se lever avec l'aube,
Quand la nuit se délite
Et que l'ombre peu à peu s'estompe,
Se blottir à l'abri d'une dune,
Admirer tous les pourpres, les mauves, les ors
Qui se fondent dans la mer,
Guetter le moment indiscret
Où le soleil quitte sa tunique rose
Pour monter nu et étincelant
Dans l'azur encore pâle.
Laisser jouer son regard
Sur le miroitement argenté des vagues,
Rêver ...
Assister à la naissance de tous les bleus,
Entre ciel et océan,
Hésitants encore de transparence.
Voir glisser la première voile blanche au loin,
Entendre rire la première mouette
Qui salue le jour.
Commencer à marcher cheveux au vent
Dans le sable froid,
Offrir son visage aux rayons obliques,
Se baisser pour ramasser un coquillage,
Sourire à une étoile de mer
Qu'on rend aux vagues.
Respirer ...
Inspirer l'aurore et les embruns
Et emporter cette beauté en soi.
Faire provision de lumière et d'infini,
D'eau et de sable,
Comme autant de fragments de bonheur
A garder dans le cœur ...
(octobre 2007)
L'île secrète
Dans un ailleurs dont tu es le gardien,
Entre le soleil et le bleu des flots,
Sous un ciel profond et serein,
Une terre émerge de l'eau indigo.
Oubliées les brumes légères d'Avallon,
Les civilisations de l'Atlantide,
Dans la douceur d'un vert vallon,
Coule joyeusement une onde limpide.
Sur la falaise, une seule maison blanche
Regarde tout en bas, danser la mer,
Et le zéphyr joue dans les branches
D'un olivier plusieurs fois centenaire.
Tes rêves sont bercés de folles légendes,
Modulés par la magie de Circé,
Les heures s'égrènent comme des offrandes,
Mêlant, avenir, présent et passé.
Là, est ton royaume, ton bonheur secret,
Là, s'épanouit la fleur de ton amour ;
Entre une crique et une forêt,
Habite ton coeur, mousse l'écume de tes jours.
Sous la voûte étoilée ou au soleil,
Dans les chemins où te portent tes pas,
Dans la douceur de ton sommeil,
Une déesse amoureuse veille sur toi.
Allongée dans un coquillage de nacre
Allongée dans un coquillage de nacre
Mon âme se délite au soleil,
S'abandonnant aux simulacres
Des rêves bleus et du sommeil.
Dans une nacelle, à l'ombre des palmiers,
Mon cœur se balance mollement,
Sous la caresse des alizés,
Il respire avec l'océan.
Envoûté par la douce fragrance des roses,
Mon esprit muse en liberté.
Il va sans hâte et se repose,
Goûtant la chaleur de l'été.
Dans la cathédrale verte d'une forêt,
Mon être aspire aux jours sereins
Et par des chemins très secrets
Devient joyau en son écrin.
Passage étroit
Etroit est le passage qui mène à la lumière.
Il est difficile d'en trouver l'entrée.
Il faut oser l'aborder
Plonger dans l'obscurité,
Affronter la peur, les chutes, les aspérités,
Courber la tête, se baisser, ramper.
Se laisser guider par le chant d'une source.
Parfois, en une salle souterraine,
Aux rayons diffus,
Se reposer au bord d'une eau limpide.
Repartir dans la bonne direction.
Apprendre à cheminer dans l'ombre,
Quand on n'aime que le soleil.
Avoir par moments l'impression,
Que la souffrance elle-même devient compassion,
Vous soutient discrètement,
Vous fait tenir.
Qu'une silhouette légère et amicale éclaire le néant,
Que ce fantôme translucide
Porte lui aussi la même peine.
Puis, repartir seul dans les ténèbres,
Maudire chaque pierre,
S'angoisser de chaque tournant.
Se sentir abandonné,
Glisser vers la fin de toute espérance.
Et c'est là, qu'un infime rai de lumière
Réveille le courage,
Pousse à avancer.
Qu'importent les arêtes coupantes,
L'inégalité du sol.
Une bouffée d'air frais arrive.
La lumière grandit.
Un arbre, royal dans sa beauté antique
Vous accueille à la sortie.
A ses pieds, la mousse est tendre.
Sa frondaison adoucit le soleil
Blessant aux yeux noyés d'ombre et de larmes.
Etroit et difficile est le passage,
Qui mène à la lumière...
SW – 05.06.05
Dérive
Vouloir fuir sur les ailes du vent,
Et être otage d'une vie,
Chercher la liberté dans l'amour,
Se heurter à un mur,
Perdre la raison, quand on pense l'avoir gardée,
Ou était-ce l'inverse ?
Pleurer et ne vider que ses yeux,
Jamais son cœur.
Rêver jusqu'à l'obsession,
Essayer de voler l'espoir,
Quand toute espérance est morte.
Aimer.
Accepter les larmes et la douleur,
Sans renier la douceur.
Se souvenir de la légèreté des jours heureux,
Les invoquer comme une prière,
Libérer les papillons,
Aimer encore,
Echapper à l'oubli,
Tutoyer les rayons de soleil
Qui rôdent au creux de l'âme.
Tomber,
Se sentir fragile, solitaire,
Distiller la peine,
La sublimer par nécessité,
Glisser dans un gouffre.
Rêver.
Aimer.
Se perdre.
Y aura-t-il un ailleurs,
Un lendemain ?
Jardin secret
Le cœur est un jardin secret,
Un refuge sauvage et discret,
Profonde forêt de légende,
Mystérieuse comme Brocéliande,
Pleine de sentiments foisonnants,
De folle douceur et de tourments.
Parfois, lorsque l'âme s'y repose,
Bercée par le parfum des roses,
Elle s'abandonne au charme léger
D'un rêve irisé, passager.
Parfois aussi, un sentier sombre
La laisse aux abois et dans l'ombre.
L'amour y sème dans plus d'un coin,
Les fleurs enchantées du jardin
Et donne envie de s'attarder,
De butiner, de musarder ...
Ou d'entrer dans le tourbillon
Des pétales pourpres et rouge-passion.
Les feuilles des arbres tutélaires
Jouent une symphonie en vert
Et le soleil y glisse sans fin
De petits rayons clandestins,
Qui agacent par leur fantaisie
Les noirceurs de la jalousie.
Il arrive que de gris nuages,
Cachent cet Eden de leur ombrage,
Mais sous la lune et les étoiles,
Il retrouve une beauté sans voile,
Ce jardin secret de mon cœur,
Refuge, discret de mon bonheur.
SW – 09.06.05