Il n'y a pas de haine chez Primo Lévi, mais le besoin de témoigner, d'éloigner l'oubli de ce qu'un homme a pu faire à un autre homme : lui faire perdre conscience de son humanité , le réduire à la condition d'objet aux yeux des autres mais plus grave encore à ses propres yeux .
"Le sentiment de notre existence dépend pour une bonne part du regard que les autres portent sur nous : aussi peut-on qualifier de non humaine l'expérience de qui a vécu des jours où l'homme a été un objet aux yeux de l'homme. Et si nous nous en sommes sortis tous les trois à peu près indemnes, nous devons nous en être mutuellement reconnaissants." (Si c'est un homme, Julliard).
Si c'est un homme
(Se questo è un uomo)
Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un nom.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir ,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver .
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous , dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-le à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous .
Chapitre I
Le voyage
Pourquoi il n'y eut pas de révolte : incrédulité , vieille habitude aussi d'être considérés « à part », de faire avec une hostilité sourde quotidienne, habitude née de siècles de dénigrements qui les ont conduits à vivre replier sur eux-mêmes, à une forme de stoïcisme devant les rumeurs de menaces .
Chapitre II
Le fond
la fin du voyage . L'enfer de l'eau , la soif.
Chapitre III
Initiation
Refuser le consentement à abandonner ce qui fait de nous des hommes. Ne pas abdiquer ; c'est le discours tenu par Steinlauf; mais où puiser la force de le suivre , dans un tel dénuement quand tout est organisé pour vous ôter le sentiment d'être un homme .
Chapitre IV
K.B. (l'infirmerie)
"Nous ne reviendrons pas" . " Ce qu'un homme a pu faire d'un autre homme"
Dans le calme relatif de l'infirmerie , les hommes prennent conscience de ce qu'ils sont et prennent le temps de se souvenir .
Chapitre V
Nos nuits
Les mêmes souffrances engendrent les mêmes rêves : un retour dans le monde « normal » où on ne les écoute pas ;
Mais rêve aussi de nourriture, ce manque obsédant .
Chapitre VI
Le travail
« Debout ! » L'anéantissement par le travail , la fatigue ; l'horreur d'une nouvelle journée qui commence .
Chapitre VII
Une bonne journée
Le printemps succède à l'hiver .Une souffrance ne totalise pas l'ensemble des douleurs , il y a une hiérarchie . Quand une souffrance disparaît (le froid) une autre apparaît (la faim.)
« La conviction que la vie a un but est profondément ancrée dans chaque fibre de l'homme, elle tient à la nature humaine. Les hommes libres donnent à ce but bien des noms différents , et s'interrogent inlassablement sur sa définition.... »
La tour de Babel.
La compréhension du langage comme première condition de survie .
« pendant quelques heures nous pouvons être malheureux à la manière des hommes libres »
Chapitre
Les « combines » pour survivre
Chapitre IX
Les élus et les damnés
Les élus : ceux que la vie à armer pour survivre . Les damnés : ceux qui n'ont pas appris, qui croient encore dans les vieilles chimères ou qui pensent trop.
Chapitre
La puissance de l'espoir , la notion de temps. Le mépris de soi : "Et il me semble que je laisserais sur tout ce que je pourrais toucher une trace malpropre »
Chapitre XI
Le chant d'Ulysse
Pikolo : "La divine comédie"
« Considérez quelle est votre origine. Vous n'avez pas été faits pour vivre comme des brutes. Mais pour ensuivre et science et vertu »
Dans cet enfer décider d'apprendre sa langue à un compagnon en récitant les vers de Dante
Chapitre XII
Les évènements de l'été
Les bombardements. Les conditions se dégradent encore. Haine des géoliers accrue. Les prisonniers sont assimilés aux assaillants.
« Inertie obtuse des bêtes battues qui ne réagissent plus aux coups. »
Lorenzo, les parias
« quelque chose d'indéfinissable comme une lointaine possibilité de bonté , pour laquelle il valait la peine de se conserver vivant. Mais Lorenzo était un homme (p.190)
Chapitre XIII
Octobre 1944
L'hiver. Le sens des mots , les pieux mensonges, les "selections". La prière de K. remerciant dieu de l'avoir épargné.
„Si j'étais Dieu la prière de K. je la cracherais par terre."
Chapitre
„Quand il pleut on voudrait pouvoir pleurer"
"......Jusqu'à ce qu'un jour dire demain n'ait plus de sens"
Chapitre XV
Die drei Leute vom Labor
Les femmes.
Séparés des femmes les prisonniers ont peu de relations avec elles . Primo Lévi se montre d'une extrème pudeur à cet égard et n'évoque que la nouvelle source d'humiliation lorsdes rares contacts avec les civiles féminines du Laboratoire de la Buna.
Chapitre
L'exécution: „Camarade je suis le dernier" (à mourir)
La résignation , la honte.
Chapitre
Le fond de l'abîme. Les malades abandonnés à leur sort dans le camp déserté par les Allemands
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Autres ouvrages
-La trega (la Trève 1963)
-Storie naturali (histoires naturelles (1966)sous le pseudonyme Damiano Malabaila
-Vizio di forma (Vice de forme 1971
-Il sistemo periodico (le Système périodique 1975)
-la chiave a stella (La clé à molette 1978)
-Se non ora, quando (Maintenant ou jamais 1982
- I Sommersi e i Salvati(Les naufragés et les rescapés 1986)