Tourgueniev nait le 28 octobre 1818 à Orel au sud de Moscou et il meurt à Bougival le 22 aout 1883.
Son milieu est aisé. Son père dont la famille était d’origine Tatare, descendant des Khans de la Horde d’or, avait épousé une noble lituanienne, plus âgée que lui mais riche propriétaire terrienne de 5000 «âmes » . Il passe son enfance dans leur domaine de Spasskoïe-Loutovinovo près de Mtsenk avec ses deux frères Nikolaï et Serguei, Avec un père froid et distant, la vie s’écoule dominée par une mère tyrannique, autoritaire et possessive qui marquera fortement l’écrivain et développera sa fascination pour le caractère féminin objet de mystère et de vénération, à l'origine de nombreuses idylles.
A Spasskoïe-Loutovinovo naît son amour de la nature où il se réfugie souvent en compagnie du menu peuple de la campagne qu'il recherche. (C'est avec un serf érudit Fedor Lobanov qu'il compose ses premiers poèmes). Il prend conscience aussi très tôt des injustices dont sont victimes les paysans déterminant son choix pour la cause qui oriente toute sa vie et le pousse à s’éloigner de la Russie : son opposition au servage. En 1833 il est admis à l'université de Moscou puis à Saint Petersbourg mais poursuit ses études en Allemagne sur décision de sa mère . En 1842, il a une liaison avec une lingère, domestique de sa mère. De cette liaison nait sa fille Pélagie . Après ses études, il voyage et vit le plus souvent à l’étranger à Berlin, en Italie, à Baden-Baden, à Londres ou en France où se termine son existence.
Ses prises de positions libérales et progressistes lui valent le courroux du régime tsariste et la fréquente censure de ses œuvres , ainsi que diverses contraintes qui vont du retour obligatoire en Russie (assignations à résidence) et quelques périodes soit d’exil ou d’emprisonnement, malgré son opposition à l’ action brutale révolutionnaire..
Ses préférences marquées pour l’occidentalisme l’oppose aux slavophiles , deux tendances qui divisent profondément son pays. Quoi qu’il en soit on peut reconnaitre dans son œuvre un profond attachement à sa terre natale et au peuple russe, notamment aux paysans étouffés par la noblesse.
A la veille du 9 février 1861 date de l’abolition du servage, en Russie il partage ses terres avec les paysans.
En 1843, à 25 ans il rencontre l’amour de sa vie Pauline Viardot, mezzo-soprano célèbre. Amour impossible, elle est mariée au critique et directeur de théâtre Louis Viardot. . Il devient alors l’ami du couple et cette amitié comme cet amour durent jusqu’à sa mort.. Tourgueniev confie l’éducation de sa fille au couple Viardot Elle est rebaptisée Paulinette en l’honneur de Pauline qui l’élève comme sa fille avec ses autres enfants .
Retournant néanmoins régulièrement en Russie, il suivra toute sa vie dans leurs déplacements les Viardot, dont les tendances républicaines les contraignent à séjourner hors de France après 1849. Il meurt à Bougival dans le domaine des Viardot.
Ivan Tourgueniev est un esthète Il consacre toute sa vie à l’art avec la conviction intime de son l’inutilité , et de la vanité de l’existence ce qui constitue le thème de nombreux de ses romans (Un homme de trop, Roudine)
De nombreuses pages poétiques émaillent ses textes décrivant ses émotions devant la nature, au fil des saisons, dans les forêts et campagnes russes ainsi queses propres états d’âmes contemplatifs où se reconnait l’influence romantique . Les intrigues se partagent entre les problématiques sociales de son époque et sentimentales où les analyses des personnages féminins révèlent sa fascination pour la femme.
Occidentaliste mais profondément russe, pessimiste mais bienveillant, chaleureux envers l’humain , amoureux de la nature et des animaux mais chasseur Tourgueniev, « le doux géant » comme l’avait baptisé son cercle amical, à la fois mondain et solitaire, nous offre bien des contradictions .
Fidèle à ses convictions qu'il défend âprement il eut de nombreux amis Gustave Flaubert notamment avec qui il entretint une correspondance régulière jusqu’à la mort de l’écrivain Français. Il fréquenta Zola, Maupassant, Victor Hugo, George Sand, Edmond de Goncourt , Alphonse Daudet , Prosper Mérimée avec lequel il traduisit les poèmes de Pouchkine, Alexandre Dumas, Jules Verne, des peintres ou des musiciens comme Charles Gounod, nombreux dans le cercle d’amis de Pauline Viardot.
En Russie,admirateur de Pouchkine dont il publia après sa mort la correspondance, il fut l’ami de Belinski, un célèbre critique littéraire occidentaliste individualiste et nihiliste auprès duquel il a été enterré selon ses voeux .
Avec Tolstoi dont il ne partageait pas les idées sur les méthodes d’émancipation des paysans, il entretint des relations souvent orageuses mais durables, Dostoievski (slavophile) ne l’aimait pas. Grand admirateur et ami de Gogol il assista avec effroi au retour de l'auteur des Ames mortes à un mysticisme réactionnaire.
A propos de son étrange liaison avec le couple Viardot , un extrait de Wikipedia ( article sur Pauline Viardot) :
Mais les Viardot, républicains, vivent de plus en plus souvent hors de France après la victoire de Louis-Napoléon Bonaparte à l’élection présidentielle de 1849. La carrière de Pauline se déroule dès lors surtout à Londres et en Allemagne. Le couple s'installe même quelque temps à Baden-Baden.
L'écrivain russe Ivan Tourgueniev, Pauline Garcia-Viardot et son mari Louis Viardot furent amis inséparables plusieurs dizaines d'années, la liaison entre l'écrivain et la cantatrice étant considérée par Guy de Maupassant comme « la plus belle histoire d’amour du xixe siècle ». En novembre 1874, Tourgueniev achète une belle maison de maître à Bougival où il installe la famille Viardot, et il se fait construire un chalet (une sorte de datcha) quelques pas plus haut, où il décéda en 1883. La datcha de Tourgueniev
Sa mort suscita chez ses compatriotes qui l’avaient peu soutenu durant sa vie une brutale prise de conscience qui fit redouter des troubles aux autorités . Ses obsèques à Saint Pétersbourg furent un triomphe.
« En effet , l’annonce de la mort de Tourgueniev avait été ressentie dans tous les milieux russes comme un évènement de portée nationale. Cet homme si décrié de son vivant laissait en disparaissant l’impression d’un vide irréparable.. » Henri Troyat
Sources principales ; Biographie par Henri Troyat et wikipédiaSes contemporains et compatriotes sur Citadelle: Litterature russe XIX et XX siècle