lundi, 25 février 2013 15:25

Le paria des îles

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(1896)

Encore une réflexion sur le courage :

....mais il possédait cette espèce de courage qui n'ira pas jusqu'à escalader les cimes , mais acceptera bravement de patauger dans la boue -s'il n'y a pas d'autre route possible.

Et ce jugement sur la vanité de l'homme fort :

Consciemment ou inconsciemment, les hommes sont fiers de leur fermeté, de leur ténacité, de la droiture de leur dessein. Ils vont droit vers leur désir, jusqu'à la réalisation d'actions vertueuses - quelquefois criminelles - dans l'exaltante conviction de leur fermeté. Ils foulent le chemin de la vie, ce chemin que clôturent leurs goûts, leurs préjugés, leurs dédains ou leur enthousiasme, généralement honnêtes, invariablement stupides, et ils sont fiers de ne jamais s'égarer. Si d'aventure ils s'arrêtent, c'est pour regarder un moment par dessus les haies qui les protègent, pour regarder les vallées embrumées, les cimes lointaines, les falaises et les marais, les forêts sombres et les plaines brumeuses ou d'autres êtres humains usent péniblement leurs jours à marcher à tâtons, trébuchant sur les ossements des sages, sur les restes sans sépultures de ceux qui, avant eux, sont morts seuls, dans les ténèbres ou le grand soleil, à mi chemin d'une destination quelconque. L'homme de caractère ne comprend pas et continue sa route, plein de mépris. Il ne s'égare jamais. Il sait où il va et ce qu'il veut . Poursuivant son voyage, il parvient à parcourir une grande distance sur son chemin étroit et, meurtri, fourbu, couvert de boue, il touche enfin au but; il empoigne le prix de sa persévérance, de sa vertu, de son solide optimisme : une dalle mensongère sur une tombe obscure et vite oubliée .!

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