[...] Talor m'assido in solitaria parte, Sovra un rialto, al margine d'un lago Di taciturne piante incoronato. Ivi quando il meriggio in ciel si volve, La sua tranquilla imago il Sol dipinge, Ed erba o foglia non si crolla al vento, E non onda incresparsi, e non cicala Stridern nè batter penna augello in ramo, Nè farfalla ronzar, nèvoce o moto Da presso nè da lunge odi nè vedi. Tien quelle rive altissima quiete; Ond'io quasi me stesso e il mondo obblio Sedendo immoto; e già mi par che sciolte Giaccian le membra mie, nè spirto o senso Più le commova, e lor quiete antica Co' silenzi del loco si confonda.
Amore, amore, assai lungi volasti Dal petto moi, che fu si caldo un giorno, Anzi rovente. Con sua fredda mano Lo strinse la sciaura, e in ghiaccio è volto Nel fior degli anni. Mi sovvien del tempo Che mi scendesti in seno. Era quel dolce E irrevocabil tempo, allor che s'apre Al guardo giovanil questa infelice Scena del mondo, e gli sorride in vista Di paradiso. Al garzoncello il core Di vergine speranza e di desio Balza nel petto ; e già s'accinge all'opra Di questa vita come a danza o gioco Il misero mortal. Ma non si tosto, Amor, di te m'accorsi , e il viver moi Fortuna avea già rotto, ed a questi occhi Non altro convenia che il pianger sempre. [...]
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[...] Parfois je m'assieds en un lieu solitaire, Sur une pente, à la berge d'un lac De taciturnes plantes couronné. Là-bas, lorsque midi tourne au ciel, Le soleil peint son image paisible, Il n'est herbe ou feuille qui bruisse au vent, Pas onde qui se ride, ou cigale Qui crisse, oiseau battant des ailes Ou paillon qui bourdonne; on n'entend, on ne voit, Proche ou lointain, ni voix ni geste. Garde ces rives un très haut calme, Tel qu'immobile j'en oublie presque et moi-même Et le monde, et me semble déjà que déliés Gisent mes membres, que souffle ou sens Ne les anime plus,et que leur paix antique Se confond au silence du lieu.
Amour, amour très loin tu t'es enfui... De mon cœur, qui fut si vif un jour, Et brûlant même. De sa main froide L'a serré la détresse ;en glace il s'est changé Dans la fleur des années. Je me souviens du temps Où tu me pénétrais. C'était ce temps Léger irrévocable, alors que s'ouvre Aux yeux enfants la misérable Scène du monde et leur sourit comme l'image D'un paradis. D'une pure espérance Et de désir, dans la poitrine du jeune homme, Le cœur bondit ; et comme au jeu , comme à la danse Déjà s'apprête à l'œuvre de la vie Le malheureux mortel. Ah, mais à peine, Amour, t'avais-je vu, que la fortune Avait déjà brisé mon être , et qu'à ses yeux, Il ne convenait plus que de pleurer toujours. [...]
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