samedi, 09 février 2013 18:01

Le "wanderer schubertien"

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Le wanderer schubertien
Concept du « wanderer »
D'après Christian Merlin

Le thème de l'errance est un thème récurrent et pour moi commun à toutes les cultures . J'ai le sentiment d'un thème universel pour ma part .

Mes connaissances en linguistique ou philologie sont toutefois bien trop limitées pour que je puisse dire si dans les autres langues le substantif équivalent de « Errant » est restrictif comme je le ressens en français où domine une connotation tragique qui ne permet pas de l'assimiler au « wanderer » allemand .Ce wanderer selon Christian Merlin germaniste et critique musical correspond a un concept tout à fait particulier, à la vaste polysemie englobant tous les types d'errances de l'odyssée , à la quête , en passant par le voyage initiatique ou la promenade philosophique .

Victime de la malédiction de la malédiction des dieux , condamnation divine, expiation pourrait apparaitre comme le premier sens en français , très marqué par nos traditions gréco-judéo- chrétiennes et s'appliquer aussi bien à Adam , Moïse, Ulysse, qu'au Juif errant , l'Ahasvérus de Kierkegaard , ou encore au Vieux marin Anglais de Coleridge

Il en va différemment du promeneur , solitaire de Rousseau ou Schiller cherchant dans la paix de la nature l'espace propice à la reflexion philosophique situant la place de l'homme dans l'univers, ou du Zarathoustra de Nietzsche s'isolant sur sa montagne , qu'il soit idealiste réconcilié avec cette nature ou pessimiste à la manière de Schopenhauer, de Leopardi en Italie (dont le titre d'un des poèmes est pourtant traduit par une évocation au Berger errant de l'Asie ), selon l'expression du courant romantique dont il est issu ..

Tout aussi different le Chevalier en quête du Graal de l'europe médievale , de la croisade du Quichotte chevalier à la triste figure en Espagne

Evoquons encore celui qui part plus ou moins joyeusement à la recherche de la connaissance , de nouveaux savoirs qu'on retrouve aussi en Asie , souvent voyage initiatique ou même initiateur comme dans la pérégrination vers l'ouest et autres romans de la littérature chinoise .....

Tous ces types d'errance Christian Merlin les retrouve désignés sous le même vocable de wanderer dans la culture allemande .......

Aussi bien , les wanderer de Schubert designés par ce terme unique ne sont pas univoques Les premiers cycles de lied inspirés de Schliegel fondateur du romantisme allemand chantent le retour à la nature benéfique dans une atmosphère heureuse : »Comme la lumière de la lune me dit clairemnt, m'encourageant au voyage : suis fidèlement ton ancienne route, ne te choisis pas de patrie, sinon tes jours tristes t'apporteront un tourment eternel « , le voyage est exalté tandis que les seconds ressortissent davantage de l'esprit de Schmidt von Lubeck ou de Schiller pessimiste et « malheureux » cheminant vers la mort , seul port auquel aspire le voyageur , Le jeu des vagues m'a poussé jusque cette vaste mer ; devant moi s'étendent le vide et les lointains , et je ne suis pas plus proche du but « ( Pilgrin de Schiller) .

»Afin de mesurer le chemin qui sépare le Wanderer de Schliegel si heureux de partir , et celui de Schmidt von Lubeck si las de marcher il suffit de comparer le jeune meunier de Die Shöne Mullerin (la belle meunière , 1823) au voyageur sans espoir de Winterreise (Voyage d'hiver) , 1827 les deux grands cycles de lieder inspirés à Schubert par les poèmes de Wilhelm Müller «

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