dimanche, 04 octobre 2015 18:58

Bartok ,le Mandarin merveilleux

Évaluer cet élément
(0 Votes)

Pantomime  en  un  acte  opus  19 (1818-1919) devenue  Suite  pour  orchestre

Pour cette  œuvre  j'ai  ressorti  un  de mes vieux  vinyles RCA où  la  pantomime  est   interprétée  par  l'orchestre  National  de l'opéra de   Monte-Carlo Sous la direction  de   Bruno  Maderna. La  pochette  comporte  cette  analyse  de Marc  Pincherle :

La composition du  Mandarin  Merveilleux, "pantomime  en   un  acte" opus  19 de  Bartók, se situe  d'octobre  1918 à  mai   1919, au cœur d'une période pendant  laquelle son  pays est  cruellement  déchiré :"Guerre et révolution, écrit son  compatriote  Bence  Szabolsci, bouleversement  général,  catastrophes partout la vision  d'une   mort  menaçante  et  d'une  vie  s'asphyxiant.  Et la vision  aussi  d'une vie  qui ne  pourra  plus continuer  comme par le passé; le spectre du  bien  et  du  mal  entrelacés dans  une étreinte morbide, le spectacle   désolant  de la force  destructrice et de l'élan  vital, de l'humanisme  et  de la  cruauté, des  mondes oriental  et  occidental, des grandes villes délabrées et  d'une paysannerie  en  révolte, de la civilisation  et  des énergies primitives. C'est en  cette   période  où  s'affrontent  violemment des forces  opposées  que jaillit  de l'âme  du  compositeur hongrois  la musique du  Mandarin  Merveilleux.

Un étrange livret  lui  avait  suggéré l'idée de cette  pantomime.

L'action imaginée  par  Menyhert Lengyel,  qui  se déroule dans  la chambre  d'un  hôtel  mal  famé ( par la suite  des metteurs en  scène lui  ont  donné pour cadre  une  ruelle  sinistre,  un ravin  caché  au  creux d'une  montagne  abrupte, etc.) fait  d'abord apparaître  une jeune  prostituée, dressée par  trois gredins  à  attirer  les passants, qu'ils dévalisent  sans tarder. Entre d'abord un  vieux galant d'aspect  misérable, immédiatement mis  à  la  porte, parce que sans argent.  Lui  succède un jeune homme  timide qui,  pour la  même  raison  subit  les même  sort  .

Alors se présente un  Mandarin,imposant  ,  impassible ,  inquiétant. La jeune  fille  danse pour  le  distraire, mais elle  a  peur  de  lui et s'enfuit   lorsqu'il  tente  de la serrer  de plus  près. Mais  par   sa danse  , elle lui  a inspiré  une  véritable  passion. Il  la poursuit,  la rejoint. A ce moment les bandits  sortent  de leur cachette et,  par  trois fois, essaient  de le  tuer en  l'étouffant  sous des coussins, en  le  transperçant  d'un  coup  d'épée,finalement en  le pendant;  mais la corde cède , il tombe et la jeune  fille  , prise  de  compassion , se  penche  vers lui  et  l'embrasse. Son  désir  étant  exaucé, il  meurt.

On a  expliqué  le  choix de  cet  argument par la révolte  de   Bartók contre la corruption  du  monde  contemporain , qui  avilit  tout, jusqu'à  l'amour. Ce qui  nous importe  à  un  demi  siècle de  distance  * , c'est  que  la violence  certaine  qui  anime  sa  partition  n'a rien perdu  de son intensité, que l'originalité de son  écriture  est  intacte,  que la symétrie  de   l’œuvre,  Triptyque dont la Danse du  Mandarin   forme le  panneau  central , reste un exemple  de structure  formelle, étayée  par la  présence, aux  principales articulations, d'harmonie basées sur  des  intervalles caractéristiques et  tout  aussi  efficace  que  de  véritables  leitmotive.

 Une  autre interpretation  sur  youtube

 

*ecrit  dans les années 1970

Lu 5432 fois Dernière modification le dimanche, 04 octobre 2015 23:02
Plus dans cette catégorie : « Béla Bartok Bartok concertos pour piano »

Laissez un commentaire

Assurez-vous d'indiquer les informations obligatoires (*).
Le code HTML n'est pas autorisé.