Claire Delamarche (notice du CD)
Aujourd'hui reconnu comme l'un des plus grands créateurs du XXème Siècle, à l'égal de Schoenberg, Debussy ou Stravinsky, Bartok commença par se faire connaître comme pianiste et c'est vers cet instrument qu'il enseigna à l'Académie Franz-Liszt de Budapest, à partir de 1907-laissant la composition à son ami Zoltan Kodaly, au motif que cette matière ne s'enseignait pas. Le piano tient une place privilégiée dans son œuvre et, souvent, c'est au clavier qu'il menait ses expériences; il cristallisait ensuite ses acquis dans le genre qui lui permettait d'exposer ses idées dans toute leur pureté, le quatuor à cordes, creuset d'où jillirait ensuite les astres les plus divers et les plus rayonnants [...]
Concerto n°1 (novembre 1926) créé à Franckfort l'année suivante .
Deux influences marquent le langage de ce premier concerto: la découverte des clavecinistes italiens Della Ciaja, Pasquino, Zipoli...) entraîne un nouveau type de traitement thématique , inspiré des techniques du canon et de la variation. La vieille mélodie est morte, remplacée par un réseau de motifs découlant les uns des autres . L'autre catalyser est Stravinski : ses rythmes tribaux ont tout pour séduire le compositeur hongrois, lui-même fasciné par les danses populaires qu'il a recueillies , des Carpates à l'Algérie, avec une indéfectible curiosité .
Concerto N°2 créé en 1933
Avec ses fanfares éclatantes, sa structure symétrique autour d'un axe central, son poignant mouvement lent, le deuxième concerto allie une maîtrise technique et un pouvoir expressif qui en font un des concertos majeurs du XXème s.L'invention sonore est extraordinaire, notamment dans le 1er mouvement(d'où sont exclues les cordes) et dans l'adagio confié aux cordes avec sourdines et aux timbales chromatiques , l'une des plus belles "musiques nocturnes" de Bartok.
Concerto n°3 créé en 1946
En 1945 , Bartok était bien trop malade pour se produire sur scène La leucémie était sur le point de gagner un combat engagé dès les premiers temps de l’exil américain (le compositeur avait fui la Hongrie en 1940) Il composa le troisième concerto afin d'assurer l'avenir financier de sa seconde femme la pianiste Ditta Pasztory.
Retour en parie à la musique tonale lignes mélodiques)
Traits volubiles, bruissements d'arpèges, lignes gracieusement ornées, longue phrases exposées dans le plus simple appareil(les deux mains à l'octave) : le premier mouvement renoue avec un piano presque mozartien, adoptant de surcroît une forme sonate assez limpide .
Le troisième mouvement : Adagio religioso; le titre intrigue pour un compositeur à l'athéisme notoire .
Troisième mouvement éblouissant :
A entendre l’œuvre progresser vigoureusement vers la glorieuse coda en mi majeur, on n'imaginerait pas que Bartok y a laissé ses dernières forces . C'est à son élève Tibor Serly de terminer les dernières mesures .
-Mouvement I allegretto
-Mouvement II : adagio religioso