Emblème du faste et de la puissance d'Orient, son règne correspond doublement à la fin d'un monde. A sa mort , le bassin méditerranéen n''arbore plus le même visage. La grande Egypte passe sous domination romaine et Rome tourne le dos à la République pour adopter le régime impérial. Cléopâtre est au centre de cette profonde mutation en tant que maîtresse de César, honnie par le sénat romain puis épouse d'Antoine, adversaire d'Octave, le premier empereur de Rome.
La vie de Cléopâtre n'a nul besoin d'être romancée jusqu'à sa mort qui rappelle celle de Roméo et Juliette: défait à la bataille d'Actium, Antoine, croyant à la mort de Cléopâtre se transperce de son épée et meurt dans les bras de la reine. Celle-ci, malgré les ruses d'Octave qui la garderait bien pour l'exhiber lors de son triomphe, finit comme on le sait par se suicider avant de subir les humiliations romaines.
Outre cette fin exemplaire, on retiendra de Cléopâtre que sa beauté n'était peut-être pas aussi grande que ses talents d'oratrice, ses qualités de diplomate qui servirent la politique étrangère égyptienne et son immense culture puisée dans les recueils de la bibliothèque d'Alexandrie laquelle brûla précisément sous ses yeux.
(Contribution d'Alice )
(illustration : Profil de Cléopâtre, bas-relief du temple de Kom Ombo.Egypte )
Méprisée , calomniée, par la plupart des auteurs anciens, Plutarque parait le moins sévère : " Sa beauté n'était pas en elle-même incomparable, ni même de nature à frapper ceux qui s'en approchaient...Elle possède une étrangeté qui provoque une attraction puissante....Sa conversation était si aimable qu'il était impossible d'en éviter la prise.... la bonne grâce qu'elle avait à deviser, la douceur et la gentillesse de son naturel, qui assaisonnait tout ce qu'elle disait ou faisait, était un aiguillon qui poignait au vif..."
..." Elle s'en allait vers Antoine , à l'âge où les femmes sont en la fleur de leur beauté et en la force de leur intelligence."
.." Elle trouvait toujours quelque nouvelle volupté par laquelle , elle maîtrisait Antoine, ne l'abandonnant jamais et jamais ne le perdant de vue ni de jour ni de nuit : car elle jouait aux dés, elle buvait, elle chassait.. avec lui, elle était toujours présente quand il prenait quelque exercice ..."
Shakespeare pouvait-il oublier Cléopâtre ? Plutarque lui a fourni le personnage de tragédie à sa mesure .