Orphée
Médaille (1)
Un dieu a ce pouvoir. Mais un homme , dis-moi,
Comment le suivrait-il par cette étroite lyre ?
Discorde est ton esprit. Pas de temple dressé
Pour Apollon à la croisée des chemins du cœur.
Le chant de ton enseignement n'est pas désir,
Ni la quête d'un bien qu'on puisse atteindre enfin.
Le chant est existence. Et le Dieu l'a facile.
Mais nous, Quand sommes-nous ? A quel moment fait-il
servir la terre et les étoiles à notre être ?
Ce n'est rien de cela , jeune homme , quand tu aimes,
Et même si la voix force la bouche. –Apprends
A oublier que tu chantas. Cela se passe.
Chanter en vérité se fait d'un autre souffle.
Rien d'autre qu'un souffle. Une brise en Dieu. Un vent .
(Traduction de Armel Guerne )
(je ne suis pas germaniste , alors pitié pour les fautes !)
Ein Gotts vermags. Wie aber, sag mir, soll
Ein Mann ihm folgen durch die schmale Leier?
Sein Sinn ist Zwiespalt. An der Kreuzung zweier
Herzwege steht kein Templ für Apoll.
Gesang, wie du ihn lehrst, ist nicht Begehr
nicht Werbung um ein endlich noch Erreichtes;
Gesang ist Dasein. Für den Gott ein Leichtes.
Wann aber sind wir ? Und wann wendet er
an unser Sein die Erde und die Sterne ?
Dies ists nicht, Jüngling, dass du liebst, wenn auch
Die Stimme dann den Mund dir aufstösst, - Ierne
Vergessen, dass du aufsangst. Das Verrinnt.
In Wahrheit singen , ist ein andrer Hauch.
Ein Hauch um nichts. Ein Wehn im Gott. Ein Wind.
Narcisse par Le Caravaggio
Miroir/Spiegel
Spiegel : noch nie hat man wissend beschrieben
Was ihr in euerem Weisen seid
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Miroirs, jamais encore en connaissance on n'a décrit
Ce qu'essentiellement vous êtes.
Vous , comme avec rien que des trous de crible,
Intervalles comblés du temps.
Prodigues même encore de la salle vide,
Vous, quand descend le soir profond comme les bois.
Et le lustre traverse, tel un cerf de seize corps,
Votre inaccessibilité.
Ce sont parfois des peintures qui vous remplissent.
D'aucune sont en vous, à ce qu'il semble, allées ;
Mais les autres craintives, n'ont fait que passer.
La plus belle pourtant, va demeurer là-bas
De l'autre bord, jusqu'à ce que, dans ses joues lisses
Pénètre , délié, le clair Narcisse.
Les sonnets à Orphée seconde partie Narcisse par Le Caravaggio
rilke roses anglaises
Rose, du thronende, denen im Altertume
warst du ein Kelch mit einfachem Rand.
...
Rose, ô toi la majestueuse, tu n'étais,
aux anciens , qu'un calice avec un simple bord.
Par contre , à nous, tu es l'absolu de la fleur,
son infini, l'objet inépuisable.
Si riche, tu parais porter robe sur robe
d'apparat sur un corps qui n'est rien que splendeur;
mais à lui seul, ton pétale aussi bien,
est l'éviction, le démenti de tout costume.
Depuis des siècles nous appelle ton parfum
de loin, de tous ses noms les plus suaves;
soudain , comme une gloire , il est couché dans l'air.
Mais le nommer, non, nous ne saavons pas. Nous cherchons à ..
Et voilà que verslui s'en va le souvenir
Que nous quêtions des heures de mémoire.
Sonnets à Orphée