Traduit du polonais par Piotr Karminski
Je n'en veux pas au printemps
d'être venu à nouveau.
Je ne lui tiens pas rigueur
de remplir comme chaque année
ses obligations.
Je comprends que mon chagrin
n'arrêtera pas la verdure.
Et le brin d'herbe s'il hésite un instant,
c'est sur le souffle du vent.
Je ne souffre pas trop de voir
que les aulnes au bord de l'eau
ont de quoi bruire à nouveau.
Je prends bonne note du fait
que- comme si tu étais toujours là -
le bord d'un certain étang
est resté aussi beau que naguère.
Je ne garde nulle rancune
a la vue, pour la vue de la baie
par le soleil éblouie.
Je parviens même à imaginer
Les deux, mais pas nous du tout,
assis en ce moment même
sur le tronc du bouleau abattu.
Je respecte leur droit absolu
au chuchotement et au rire
et au silence du bonheur.
J'irais même jusqu'à penser
que c'est l'amour qui les lie,
et qu'il la serre contre lui
de son bras tout à fait vivant.
Quelque chose de nouveau, très oiseau,
bourdonne dans les roseaux.
De tout mon coeur je souhaite
Qu'iils puissent tous deux l'entendre.
Je n'exige aucun amendement
des vagues qui s'abattent sur la rive,
ni aux vives, ni aux lascives
et qui n'obéissent pas à ma loi.
Je ne demande rien de rien
à l'étang près de la forêt,
qu'il soit émeraude
qu'il soit saphyr,
qu'il soit même charbon.
Une seule chose je refuse.
Revenir à tous ces endroits.
A ce privilège de présence-
Je renonce par la présente .
Je t'ai tellement vécu,
et peut être juste ce qu'il faut,
pour pouvoir y penser de loin.
La découverte de ce poème grâce à mon ami Luigi La Rosa fut un véritable coup de foudre . Je l'ai donc lu pour la première fois en Italien alors je me fais un devoir d'en donner sa version dans cette langue que j'aime tant ..
Addio a la vista
Addio a una vista (Wislawa Szymborska)
Non ce l'ho con la primavera
perché è tornata.
Non la incolpo
perché adempie come ogni anno
ai suoi doveri.
Capisco che la mia tristezza
non fermerà il verde.
Il filo d’erba, se oscilla,
è solo al vento.
Non mi fa soffrire
è rimasta - come se tu vivessi ancora bella
come era.
Non ho rancore
contro la vista per la vista
sulla baia abbacinata dal sole.
Riesco perfino ad immaginare
che degli altri, non noi
siedano in questo momento
sul tronco rovesciato d’una betulla.
Rispetto il loro diritto
a sussurrare, ridere
e tacere felici.
Suppongo perfino
che li unisca l'amore
e che lui stringa lei
con il suo braccio vivo.
Qualche giovane ala
fruscia nei giuncheti.
Auguro loro sinceramente
di sentirla.
Non esigo alcun cambiamento
dalle onde vicine alla riva,
ora leste, ora pigre
e non a me obbedienti.
Non pretendo nulla
dalle acque fonde accanto al bosco,
ora color smeraldo,
ora color zaffiro
ora nere.
Una cosa non accetto.
Il mio ritorno là.
Il privilegio della presenza ci
rinuncio.
Ti sono sopravvissuta solo
e soltanto quanto basta
per pensare da lontano.