Tu as un sang, une haleine,
Tu es faite de chair
de cheveux de regards
toi aussi. Terre et arbres,
ciel de mars et lumière,vibrent et te ressemblent -
Ton rire et ta démarche
sont des eaux qui tressaillent -
la ride entre tes yeux
des nuages amassés -
ton tendre corps rappelle
un coteau au soleil.
Tu as un sang ,une haleine
Tu vis sur cette terre.
Tu en connais les saveurs
les saisons , les éveils,
tu as joué au soleil,
tu as parlé avec nous.
Rejeton du printemps,
eau transparente, terre,
silence qui bourgeonne,
tu as joué enfant
sous un ciel différent,
dans tes yeux il y a son silence,
un nuage qui jaillit
comme du fond la source.
Maintenant tu tressailles
et ris sur ce silence.
Tendre fruit qui vis
sous le ciel transparent,
qui respires et qui vis
notre saison commune,
dans ton secret silence
est ta force.Comme l'herbe qui s'anime sous le vent,
tu frissonnes et tu ris ,
mais toi, tu es terre.
Tu es racine féroce,
Tu es la terre qui attend.
21 mars 1950
Du recueil "La mort viendra et elle aura tes yeux"
Traduction de Gilles de Van
You, wind of march
Tu es la vie et la mort.
Tu es venue en mars
sur la terre nue -
et ton frisson dure.
Sang de printemps
- anémone ou nuage -
ton pas léger
a violé la terre.
La douleur recommence.
Ton pas léger
a rouvert la douleur.
La terre était froide
sous un pauvre ciel
immobile et fermée
comme dans la torpeur d'un rêve,
comme après la souffrance.
Et la glace était douce
dans le cœur profond.
Entre vie et mort
l'espoir se taisait.
Maintenant ce qui vit
a une voix et un sang.
Maintenant terre et ciel
sont un frisson puissant,
l'espérance les tord,
le matin les bouleverse,
ton pas et ton haleine
d'aurore les submergent.
Sang de printemps,
toute la terre tremble
d'un ancien tremblement.
Tu as rouvert la douleur.
Tu es la vie et la mort.
Sur la terre nue,
tu es passée légère,
hirondelle ou nuage,
et le torrent du cœur
s'est réveillé, déferle,
se reflète dans le ciel
et reflète les choses -
et les choses, dans le ciel, dans le cœur,
souffrent et se tordent
dans l'attente de toi.
C'est le matin, l'aurore,
sang de printemps,
tu as violé la terre.
L'espérance se tord,
et t'attend et t'appelle.
Tu es la vie et la mort.
Ton pas est léger.
sur youtube lettura di Domenico Pelini
Sei la vita e la morte
Sei venuta di marzo
sulla terra nuda -
il tuo brivido dura.
Sangue di primavera
- anemone o nube -
il tuo passo leggero
ha violato la terra.
Ricomincia il dolore.
Il tuo passo leggero
ha riaperto il dolore.
Era fredda la terra
sotto povero cielo,
era immobile e chiusa
in un torpido sogno,
come chi più non soffre.
Anche il gelo era dolce
dentro il cuore profondo.
Tra la vita e la morte
la speranza taceva.
Ora ha una voce e un sangue
ogni cosa che vive.
Ora la terra e il cielo
sono un brivido forte,
la speranza li torce,
li sconvolge il mattino,
li sommerge il tuo passo,
il tuo fiato d'aurora.
Sangue di primavera,
tutta la tetra trema
di un antico tremore.
Hai riaperto il dolore.
Sei la vita e la morte.
Sopra la terra nuda
sei passata leggera
come rondine o nube,
e il torrente del cuore
si è ridestato e irrompe
e si specchia nel cielo
e rispecchia le cose -
e le cose, nel cielo e nel cuore
soffrono e si contorcono
nell'attesa di te.
E', il mattino, è l'aurora,
sangue di primavera,
tu hai violato la terra.
La speranza si torce,
e ti attende ti chiama.
Sei la vita e la morte.
Il tuo passo è leggero.
25 mars 1950
Cesare Pavese (1908-1950)