L'existence officielle du mouvement est très brêve : de 1866 à 1876, mais il eut bien des précuseurs dans la réaction au romantisme. Dans sa théorie de l'art pour l'art il affirmait sa volonté de s'écarter du lyrisme et des épanchements sentimentaux des poètes romantiques et excluaient les messages à caractère politique ou social. Théophile Gautier, dans Emaux et camées en 1857 en fixe les principes préconisant recherche de la perfetion et de la forme idéale au prix d'un travail sans concession à la spontaneité ou à la suggestion émotive . Les parnassiens ne s'interessent qu'au beau " il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien . Tout ce qui est utile est laid ".
Precurseurs : Théophile Gautier et Théodore de Banville
Poétes se réclamant du mouvement : Villiers de l' Isle-Adam, José Maria de Hérédia , Sully prudhomme.
On peut ajouter Albert Glatigny, mais bien des poètes de cette période ont été séduits un moment par ce mouvement, avant de s'en séparer , voire radicalement, comme Verlaine Mallarmé ou Baudelaire .
" 1839- 1873 : poète, écrivain, comédien et dramaturge français. En 1917, il a reçu, à titre posthume, le prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Wikipedia
Le voile de Tanit ( poème de A . Glatigny)
Le voile de Tanit
Ainsi mourut la fille d'Hamilcar
pour avoir touché au manteau de Tanit. (G. Flaubert, Salammbo)
Quand elle eut, de sa main curieuse, touché
Au manteau de lumière et d'étoiles broché ;
Quand ses yeux éperdus et troublés, que dilate
Le désir, eurent bu l'azur et l'écarlate
Du voile redoutable aux regards des mortels ;
Ainsi que la victime aux marches des autels
Frémit, et sent déjà l'approche de la flamme,
La fille d'Hamilcar blêmit, et rendit l'âme.
Ô lambeaux glorieux de pourpre ! voiles saints
Qui tombez lentement et dérobez les seins
De la Muse héroïque à la voix éternelle !
Malheur au sacrilège impur, dont la prunelle
A réfléchi vos plis droits et silencieux
Qui bravent les efforts du vent, dans les grands cieux !
Son cœur tressaillira dans une angoisse affreuse,
Il descendra vivant dans la mort ténébreuse,
Expiant le forfait d'avoir, un seul instant,
Essayé d'assouvir son désir insultant !
Seuls, les initiés élus qui savent lire
Dans les livres sacrés et font vibrer la Lyre
Ont droit de contempler le voile de Tanit,
Et de baiser, parfois, les degrés de granit
Qui conduisent au temple auguste où la lumière
Émerge en fusion de l'aurore première !
Et, lorsque gravement ils marchent parmi nous,
Les hommes prosternés embrassent leurs genoux
Et baissent, éblouis par le reflet des gloires,
Leurs paupières qu'emplit le flot des ombres noires !
(Albert Glatigny 1839-1873)
http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Voile_de_Tanit
Théodore de BANVILLE (1823-1891)
Hérodiade
Ses yeux sont transparents comme l'eau du Jourdain.
Elle a de lourds colliers et des pendants d'oreilles ;
Elle est plus douce à voir que le raisin des treilles,
Et la rose des bois a peur de son dédain.
Elle rit et folâtre avec un air badin,
Laissant de sa jeunesse éclater les merveilles.
Sa lèvre est écarlate, et ses dents sont pareilles
Pour la blancheur aux lis orgueilleux du jardin.
Voyez-la, voyez-la venir, la jeune reine !
Un petit page noir tient sa robe qui traîne
En flots voluptueux le long du corridor.
Sur ses doigts le rubis, le saphir, l'améthyste
Font resplendir leurs feux charmants : dans un plat d'or
Elle porte le chef sanglant de Jean Baptiste.