Vierge au chardonneret
vers 1505
Musée des Offices à Florence
"Les oeuvres de Raphaël ont une grande influence pour le développement de l'esprit humain...Leur étude a été l'une des plus belles joies de ma longue vie." (Goethe)
ll n'existe pas de peintre plus mal compris, plus calomnié, plus galvaudé que le "divin" ou le "doucereux " Raphaël. Il semble qu'une malchance particulière se soit acharnée sur son oeuvre pour la défigurer. Eboulements, incendies, naufrages, guerres, occupation du Vatican par les armées qui saccagèrent Rome en 1527 et s'amusèrent à crever les yeux des personnages des fresques, telles sont quelques unes des mésaventures que cette oeuvre eut à subir....
La beauté de ces Vierges est renforcée par un paysage dont on ne dira jamais assez la splendeur et la nouveauté : sens de l'espace, sens de l'atmosphère, sens du pittoresque, sens presque religieux de la nature. En face de ces arbres, de ces nuages de ces prairies, de ces rivières, de ces fonds d'azur, trois mots s'imposent, toujours les mêmes : jeunesse, printemps, musique. Eternelle jeunesse de la nature, éternel printemps des êtres, éternelle musique de l'espace qui annoncent toutes les découvertes de Théodore Rousseau, de Corot, et de Courbet. Et pourtant, aucun de ces seigneurs de la peinture n'a trouvé la lumière dorée de la pseudo-Belle Jardinière, ni l'éblouissement vert de la Madone à la prairie, ou la fantaisie du pinceau, digne d'un Japonais, de la Madone au chardonneret.
(Fred Bérence -Collection Larousse "Les plus grands peintres")
(huile sur toile Musée du Louvre ) 1514-1515
Un de ces tableaux mysterieux , devant lesquels on peut passer très vite si l'on arpente distraitement les chemins d'une exposition.
Nous sommes toutefois dans une salle consacrée aux grands maitres italiens et il est fort possible que personne n'ose s'autoriser une telle desinvolture ?
Il y a de grandes chances , pour que même peu attentifs , vous croisiez son regard . Continuant quelques pas ,vous aurez été saisis par cette expression qui vous interpelle .... .
Retour sur vous mêmes et sur le tableau . Ce portrait semble vous inviter à partager un secret , il semble savoir et disposé à engager la conversation avec vous . Serait-ce la profonde amitié qu'il partageait avec Raphaël qui impregne le tableau ? Attention et complaisance , il a le regard qu'on espère trouver chez un ami !
C'est aussi la serenité d'un homme posé , ayant dépassé bien des vissicitudes , qui n'ignore pas grand chose de ses semblables mais conserve une raisonnable confiance . Il n'est pas jeune , et sa bonne fortune est évidente dans le luxe de son costume ... Velours, fourrure et tissus très fins, ce luxe à l'élégance de la discretion requise par ses fonctions d'Ambassadeur de la Cour d'Urbino à Rome , un des esprits les plus raffinés de son temps .
(Ses mains qui n'apparaissent pas sur l'image sont modestement croisées mais nues ce qui donne une grande simplicité à la pose )
Madone de la Chapelle Sixtine
( en presentation : la Donna velata ,1516, au Palais Pitti à Florence .)