En plein essor elle s'y voyait représentée avec ses idéaux , ses désirs , ses espérances , mais aussi ses faiblesses et ses préjugés.
La peinture notamment des petits maîtres est solidement ancrée dans la vie, offrant de l'image naturelle des choses , un fidèle rendu avec l'orgueil du possesseur d'un univers stable et sûr. Les plus grands peintres quant à eux, s'attachent davantage à peindre les faiblesses et témoignent d'un esprit critique hardi vis à vis de la société.
Ses caractéristiques : celles d'une riche bourgeoise protestante en opposition aux Provinces de Flandres dominées par l'Eglise catholique et la noblesse.En 1566 , une vague d’iconoclastie avait déferlé sur le pays anéantissant tableaux et statues d'inspiration religieuse , vidant les églises de leurs œuvres d'art et des objets de culte. La Réformation s'efforçait de faire revivre le christianisme primitif. La Hollande avait adhéré aux idées calvinistes: "Tu ne feras point d'images du seigneur ton Dieu", "Dieu n'habite point dans les temples bâtis par la main de l'homme et nous ne pouvons croire que la divinité soit pareille à une image que l'art de l'homme a créé".
Libérés du poids de la tradition artistique directe , les peintres purent se consacrer à des tâches nouvelles et créer des genres nouveaux. Les thèmes d'inspiration biblique remplacèrent les représentations traditionnelles de l' Église qui devait réagir de son côté, par le développement de l'art baroque . Allégories et scènes mythologiques sont en défaveur. Le sentiment d'intimité développé par le religieux protestant inspira les scènes de genres . Les artistes vouaient un intérêt majeur à la vie dans ce qu'elle a de plus quotidien.La peinture hollandaise donne l'impression qu'elle ne songe qu'à découvrir avec des yeux émerveillés l'immensité de notre monde. Le portrait, le tableau de société , les vues d'architecture, les scènes de rues sont les motifs favoris. L'homme dans sa réalité courante: patriciens, bourgeois, érudits, paysans , soldats, en gros plan , avec leur robuste intelligence , sans pose mais pleins de cette secrète fierté que donnent l'exercice des vertus bourgeoise et la maitrise de la vie. Rembrandt sera le seul à introduire ses personnages dans un tout autre univers, soumis au destin , fait à la mesure des créatures et, dans le même temps proche de Dieu. Viennent ensuite les animaux, les fleurs , les fruits, les objets inanimés, la chambre, la maison.On regarde par la fenêtre le paysage, on peint une cour , la rue, les canaux, le marché . Le regard s'évade hors de l'étroite demeure pour se perdre aux profondeurs de l'espace. Le Bas-pays, l'infini de la plaine, la côte, les dunes la mer orageuse ou calmée, les navires , les nuages. Une multitude de talents s'activent à enregistrer l'univers dans leurs œuvres, à réaliser en peignant une prise d'inventaire de la nature .
C'est le triomphe de la peinture de chevalet, la toile qu'on peut transporter et vendre facilement. On trouvera partout de la peinture hollandaise sauf dans les églises. Le tableau d'autel ,l'image pieuse vont disparaître et de même toute œuvre d'art de caractère monumental et public comme la fresque. L'intérieur de l'église protestante est toujours demeuré nu : pas d'images, pas d'ornements. Le service divin évangélique se fonde sur la Parole; le sermon et la prière en demeure le centre . Le chant vient bien s'associer à la prédication de l' Écriture, mais ce n'est que plus tard, avec Bach et Haendel , que la musique deviendra la plus haute expression de l'intime ferveur protestante .
Les artistes peignent pour des particuliers qui aiment accrocher leurs tableaux sur les murs de leur intérieur .Cette liberté conquise par le peintre , et l'opulence de de la société , sera à l'origine d'un immense marché de l'art. Les peintres néanmoins n'en tireront pas profit pour la plupart de leur vivant , confrontés à une trop vive concurrence et à une clientèle peu visionnaire . Les Princes qui gouvernent les Provinces préfèrent s'adresser aux peintres académiques de l'étranger afin d'obtenir des représentations à la mesure de leurs ambitions de gloire méprisées par le peuple hollandais. Rembrandt , vit sa fortune décliner jusqu'à la banqueroute finale. Vermeer lutta toute sa vie pour nourrir une famille aux bouches trop nombreuses,Rembrandt , Hals mourut dans un hospice .
Cette floraison de la peinture hollandaise au XVIIè siècle coïncide d'une façon générale avec l'essor politique économique et culturel du pays . Une ligue de villes libres dans laquelle malgré le patriciat, la noblesse et la dynastie princière d'Orange, la bourgeoisie joue le premier rôle et devient une puissance mondiale. N'oublions jamais de surcroit, combien étroite et bornée était la scène nationale d'où le pays recevait ses impulsions vitales : un territoire d'environ cinq mille mètres carrés. Ce furent les colonies et le commerce d'outre-mer qui jetèrent les bases d'une politique à l'échelle mondiale, en particulier , le trafic avec les Indes orientales. La Compagnie des Indes orientales fut fondée en 1602, celle des Indes occidentales en 1621. Le commerce procura des richesses inouïes, assurant les conditions propices à une politique de grande puissance. La petite Hollande parvint, de concert avec l' Angleterre , à tenir en échec, vers la fin du siècle, les tentatives d'hégémonie européenne du Roi -Soleil .
Philosophie avec Spinoza, poésie, théâtre , Sciences naturelles avec Huyghens, la Hollande innove dans tous les domaines y compris dans celui des institutions sociales: assistance aux pauvres, aux malades,aux vieillards, le pays demeura deux siècles durant en tête de l'Europe:
"démocratie et puritanisme, colonisation et sciences naturelles, tolérance et puissance économique, tout cela se trouvait réuni en Hollande comme des éléments à l'état pur , trop purs peut-être pour pouvoir durer car il y manquait le pathos, l'ardeur guerrière ,l'esprit de de domination traditionnelle, la volonté de puissance dont ne saurait se passer un "imperium" La force créatrice déclina aussi rapidement qu'elle était apparue. Dès le milieu du siècle, un classicisme d’inspiration française et un style international de société absolutiste acquirent droit de cité. La peinture se fit raffinée, précieuse, ,non sans dériver parfois vers un art industrialisé ou académique, le grand souffle était perdu."
(d'après Edouard Huttinger)
Les grands maîtres
Frans Hals
Gérard van Honthorst : 1590-1656
Les joueurs de cartes
Hendrick Jansz. Ter Brugghen, ou Terbrugghen (La Haye ou Utrecht, 1588 - Utrecht, 1er novembre 1629), est un peintre néerlandais (Provinces-Unies) du siècle d’or et, avec Gerrit Van Honthorst et Dirck Van Baburen, l'un des chefs de file de l’École caravagesque d'Utrecht.(Wikkipédia)
Démocrite
Mars endormi
Gérard van Honthorst et Hendrik Terbrugghen , chez lesquels on ressent particulièrement l'inffluence du Caravage dont le génie s'adapatait aux sentiments nouveaux des artistes hollandais dans la désacralisation des scènes d'inspiration religieuse, et dans la détermination à peindre toutes choses grandes ou humbles, sacrées, ou profanes avec la même fidélité et la même attention . Le Caravage peignit les premières natures mortes dépourvues d'intentions symbolistes
( Caravage :Corbeille de fruits )
Sweerts Michel (1624 1664)
Le repas des affamés
Jan Steen (1629-1679)
La Basse-cour
Jan de Bray (1627-1697)
Les dirigeants de la Guilde de saint Luc
Gérard Terborch (1617-1681)
Portrait de Cornelis de Graeff
Jan Verspronck (1597-1662)
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