Jamais artiste japonais ne fut à la fois plus admiré en occident et plus contesté au Japon . Katsushika Hokusai, l'un des plus grands artistes qu'Edo (Tokyo) ait engendrés, a laissé une oeuvre monumentale, souvent inégale mais d'une diversité sans pareille, des milliers d'oeuvres remarquables tant par leur qualité esthétique que par leur variété stylistique : peintures , dessins gravures, livres illustrés manuels didactiques .
Créateur hors normes il aimait s'appeler lui -même "homme fou de dessin" , le dessin auquel il consacra une longue carrière féconde de 70 années.
Peintre et dessinateur admirable, grand théoricien, mais très individualiste, perpétuel insatisfait et d'une curiosité toujours en éveil, il s'intéressa à tous les mouvements picturaux et pratiqua tous les genres , sans jamais s'attacher à aucun (portraits d'acteurs et de courtisanes, scènes de la vie quotidienne, cartes de voeux raffinées (surimono), illustrations de romans et de poésies. Sa vie est une quête émouvante de la perfection; il est le type même de l'artiste ne vivant que pour son art, et que nulle contingence ne saurait faire dévier du but qu'il poursuit.
Il sut allier dans un style très personnel, la technique de l'Ukiyo-e à la grande tradition picturale chinoise et japonaise. Il renouvela le monde des formes et des couleurs et contribua grandement à rénover l'art de l'estampe en y introduisant le paysage comme genre indépendant.C'est incontestablement dans ses grandes séries de paysages, publiées dans les années 1830, qu'il donne toute la mesure de son génie (36 vues du mont Fuji, les vues des ponts célèbres, les cascades de différentes provinces ou les séries consacrées au fleurs et aux oiseaux.
Son oeuvre , trop originale força l'admiration de ses contemporains davantage qu'elle ne les séduisit. Cependant, la grande majorité des artistes de son temps subirent , consciemment ou non son influence.
Il est aussi l'auteur d'une encyclopédie imagée du japon, la fameuse Hokusai Manga (1), fournissant aux artistes un répertoire iconographique de modèles sur tous les sujets.
(sources : Chantal Kozyref Essentiels d'Universalis et document BNF)
(1) sur wikipédia : Hokusai manga (.....Le mot manga qui figure dans le titre ne se réfère pas aux mangas telles que nous les connaissons aujourd'hui, car les différents croquis figurant dans ces carnets ne forment pas une histoire, mais traitent de sujets séparés les uns des autres.) ....
Un livre magnifique par la qualité de ses reproductions et surtout la biographie intéressante de cet artiste hors normes qui s'attache à montrer toutes les difficultés que rencontra Hokusai dans la société conservatrice du Japon de cette époque . Hokusai issu d'un milieu modeste d'artisans vécut toute sa vie dans la pauvreté .
Avant propos
Il serait faux de penser que l'art japonais a toujours été en harmonie avec son environnement. Ses origines se trouvent d'ailleurs en dehors du pays : pendant des siècles , les peintres de l'archipel se contentèrent en effet de recopier les œuvres bien plus anciennes des Chinois et des Coréens.
Bien que pratique au Japon de longue date , la gravure sur bois en était restée à un stade très rudimentaire par rapport au travail des Chinois, jusqu'à ce que l'engouement pour les estampes Ukiyo-e agisse comme un stimulant. Les Japonais , épris de nature étaient de grands acheteurs de livres illustrés d'oiseaux et de fleurs, ainsi que de guides agrémentés de vues de lieux célèbres. Le style Ukiyo-e s'appuyant lui-même sur une convention ancienne dont il ne parvint jamais vraiment à se défaire durant tout le XVIIIe siècle. Or à la fin du siècle, la perfection observée jadis dans les couleurs et le dessin des peintures populaires étaient désormais perdue. Seule une révolution radicale était apte à sauver l'art japonais. L'un des mérites d'Hokusai, et non des moindres, est qu'il sut prendre le parti de la nature et de la vie , s'exposant pour cela à une vie de pauvreté et à toutes une série de préjugés tenaces .
Un homme peu ordinaire
Il nait à l’automne dans la modeste banlieue d' Edo (aujourd'hui Tokyo) dans la classe des artisans .Son père fabriquait des miroirs en métal pour la cour du Shogun et sa mère était issue d'une grande famille déchue. Son grand-père, un suivant du courtisan Kira, était mort en défendant ce dernier lors d'un épisode sanglant de l'histoire japonaise du XVIIe siècle: l'attentat nocturne des Quarante sept Ronins (ou 47 Samouraïs) . Hokusai était peut être redevable à cet ancêtre guerrier de l'esprit fier et indépendant dont il fut preuve durant toute sa vie .
Il quitte le foyer familial à 13 ou 14 ans pour être placé comme apprenti graveur A 18 ans qu'il son emploi et devient étudiant chez le grand artiste Shunsho, alors l'un des chefs de file de l'école populaire. En 1786 une querelle éclate entre le disciple et le maître et l'élève désobéissant est renvoyé .
Hokusai veut ce libérer du style Ukiyo-e.
Livré à lui-même à 26 ans , il gagne sa vie en illustrant des livres humoristiques ou en écrivant. mais même en travaillant d'arrache-pied, il ne gagne pas suffisamment pour vivre . En désespoir de cause il abandonne la peinture et se fait marchand ambulant de piments puis d'almanachs.
Peu à peu sa réputation grandit grâce à ses illustrations et aux Surimono (cartes délicatement ouvragées destinées aux jours de fêtes)
A partir de 1804 il réalise périodiquement des figures colossales avec des des balais et des seaux remplis d'eau et de peinture (ex sur une feuille de papier de 18 x11 mètres. il fallait monter sur le toit du temple pour contempler l’œuvre dans son ensemble ). Parallèlement il travaillait dans extrêmement petit (sur des œufs , ou sur un grain de blé ou de riz, il utilisait également les objets les plus inattendus : bouteille, mesure de vin . De tels exploits lui valurent d'être invité à se produire devant le Shogun , honneur presque sans précédent pour un peintre issu de la classe des artisans .
Année 1807 première rencontre , première querelle avec le romancier Bakin collaboration pour les cent huit héros . Ils se séparent après une violente dispute.
Il rencontre ensuite l'acteur Baïko , célèbre pour sa manière de représenter les esprits. Grossièrement éconduit lors d'une visite à Hokusai , c'est Baïko qui présentera des excuses au peintre et permettra à une amitié durable de s'établir entre les deux artistes .
Nouvelle figure colossale en 1817 à Nagoya devant une foule de spectateurs . la feuille de papier gigantesque dût être hissée par un échafaudage.
La même année Hokusai publie le premier volume de ses Mangas .
Après un passage par Osaka puis Kyôto Hokusai revient à Edo où il ne connait qu'un modeste succès la ville étant alors le centre des ecoles classiques .
Vers 70 ans il subit un accès de paralysie qu'il soigne lui-même grâce à une recette chinoise . Guéri il réalise les trois séries de gravures en couleur de grand format parmi ses œuvres les plus importantes : Les Cascades, les ponts , les trente six vues du mont Fuji.
Il connait ensuite une nouvelle période de difficultés financières certaines provoquées par les frasques de ses enfants (fils et petit fils ) et en 1834 il dit s'enfuir d'Edo pour se cacher sous un faux nom à Uraga.
Il ne peut rentrer à Edo qu'en 1836 Le pays est alors en proie à une terrible famine et le marché de l'art s'est effondré . L'année suivante un incendie détruit sa maison et tous ses dessins.Le viel homme ne réussit qu'à sauver ses pinceaux .
Au fil des ans il continua de travailler avec la même ardeur. Même s'il ne sortit jamais de son état de pauvreté , il semble qu'il n'ait plus jamais enduré la misère
Hokusai se maria deux fois et eut cinq enfants : deux fils et trois filles Seule sa dernière fille Oyei lui resta fidèle et fut sa seule élève . c'est avec elle qu'il termine sa vie . Père et fille menaient une existence originale hors des conventions traditionnelles , loin des de la bourgeoisie et de la cour du Shogun Hokusai ne fréquentait que ses amis intimes . Son dévouement à son art le rendait fier et inaccessible mais sa gentillesse avec les enfants était légendaire .