Et ce conflit qui réapparaît en ce moment m'afflige !
J'aimerais crier avec les défenseurs de cet animal que j'admire ,et plaider pour leur développement en France; ce serait logique. mais je ne peux pas m'empêcher de penser que la cause est absurde !
Le loup est un prédateur (comme l'homme!) il a besoin de viande pour vivre (comme l'homme ) et les troupeaux de l'un conviennent parfaitement à l'autre .
Or l'homme ne sait pas partager gratuitement , il lui faut une compensation . Pour lui tout se paie !!
Et le loup n'a pas les moyens !!
Que nos consommions des centaines de brebis ou d'agneaux par jour ne nous incite pas pour autant à en abandonner quelques unités pour entretenir une bête sauvage! Entretenir nos chats ou nos chiens par prélèvements sur nos troupeaux ,à la rigueur et à condition que le menu soit conditionné en boite de conserve !!
Mais un loup !
D'autres pays ont semblent-ils trouvé des solutions : dans les Abruzzes pas de problèmes ! Ils ont des bergers et des chiens et des bergeries. Mais en France la main d'œuvre coûte cher ! Il est nettement plus rentable de laisser un troupeau s'engraisser en liberté dans les alpages !
Et c'est vrai que dans ces conditions le loup pouvant trouver nourriture à satiété, il ne manquera pas de se reproduire et de multiplier. Alors effectivement les difficultés sont prévisibles !
Je n'aimerais pas trop affronter une horde de loups dégénérés par un excès d'abondance .
On sait quels effets engendre chez l'homme la facilité ! pourquoi pas chez le loup ?
Donc l'unique solution serait dans une réforme profonde de l'organisation du travail des bergers, et ça ne me semble vraiment pas dans l'air du temps !!
Alors je crois qu'il faut nous résigner l'avenir se fera sans le loup.
On aura pu pendant des décennies s'évertuer à démontrer ses qualités , sa supériorité dans le monde animal, notre monde à nous devra se passer de sa beauté et nos enfants se contenter de quelques pauvres spécimens mélancoliques séquestrés dans quelques rares ghettos de quelques mètres carrés prélevés sur notre espace vital (c'est déjà pas mal au prix du mètre carré !!)
Qu'importe si nous perdons une occasion de plus de nous réconcilier avec la nature ! Le divorce n'est-il pas déjà consommé !
En quittant le Grand Nord Canadien Farley Mowat était sceptique sur le sort du loup même dans ces lointaines contrées et la voix du loup qu'il entendit au moment du départ , « c'était une voix qui parlait de ce monde perdu qui fut un jour le notre avant que nous n'ayons choisi d'y être des étrangers »
16.9.2004
Photo Terres Sauvages
20 octobre 2004 : un premier loup a été abattu dans le Vercors
Poésie :
La mort du Loup (Alfred de Vigny)
(extrait)
Hélas! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous , débiles que nous sommes !
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez sublimes animaux.
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
--Ah! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur.
Il disait : " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler."
[...]
(pastel de Stéphane Crété)