A la fin de sa vie alors qu’il avait déjà remis les rênes de la Norvège à son fils préféré Eric (Eric à la Hache Sanglante) , Thora La Perche-de-Moster appelée la Servante du Roi, l’une de ses suivantes, lui donna encore un fils . Elle entreprit un voyage avec le Duc de Lade Sigurd afin de rejoindre Harald quand elle accoucha sur un rocher du littoral. Sigurd l’aspergea d’eau, lui donna le nom de Hakon et l’éleva avec ses fils.
Hákon était encore enfant quand Harald par ruse obligea le Roi d’Angleterre Atelsthan à prendre en charge son éducation . Apprécié par le roi et sa cour il fut baptisé et on le désigna sous le nom de Hakon Pupille d’ Atelsthan.
Pendant ce temps Eric à la Hache Sanglante opprimait les populations, massacrait tous ses rivaux et notamment ses propres frères .
Quand il apprit la mort d’ Harald à la Belle Chevelure, Hakon découvrit toutes les exactions de son frère Eric et il décida de rentrer en Norvège pour lutter contre lui et le chasser.
Devenu bon chrétien il rêvait de convertir ses compatriotes en même temps qu’il deviendrait roi de Norvège. Il prit conseil auprès du Duc de Lade Sigurd qui gouvernait le Trøndelag , afin de lever une armée. Les liens d’amitié entre Hákon et la famille de Sigurd étaient très forts mais Sigurd demeurait fidèle aux anciennes traditions . Ensemble néanmoins ils rallièrent les nobles et les paysans à la cause d’ Hakon et durant tout son règne , le temps de la reconquête puis les années suivantes qui furent une période de rare prospérité , Hákon appelé Hákon Le Bon respecta toujours les traditions païennes soutenues par son ami Sigurd . A la fin de sa vie il laissa le choix de son inhumation, déclarant que si sa mort survenait hors de Norvège sa sépulture serait chrétienne tandis qu’elle serait païenne s’il mourait dans son pays.
« Le roi Hákon mourut peu après, sur le rocher sur lequel il était venu au monde. Il fut profondément regretté, à tel point qu’à la fois ses amis et ses ennemis pleurèrent sa mort et déclarèrent que plus jamais la Norvège ne connaîtrait un roi aussi bon. Ses amis transportèrent sa dépouille à Seim, dans le nord du Hordaland ; là ils érigèrent un grand tertre et y déposèrent le roi , avec tout son armement et dans ses plus beaux vêtements, mais sans aucune richesse. Selon la coutume qui était en vigueur chez les païens, ils prononcèrent devant sa sépulture une formule destinée à le conduire à la Valhalle. »
Mort sans enfant, le royaume fut repris par les fils d’Eric allié aux Danois.
Le Hakonarmal (poème de Hákon )
poème scaldique composé par Eyvind Skaldaspillir ( Xème siècle) à la mémoire du roi Hakon le bon .
Le dieu des Goths envoya
Gondul et Skogul
Choisir parmi les rois
Qui de la race d’Ingvi
Devait aller rejoindre Odin
Et résider à la Vahalle.
Elles trouvèrent le frère de Biorn,
Comme il revêtait sa broigne,
Ce roi aux nobles qualités
Qui sous le gonfanon s’était placé.
Les perches du combat s’inclinèrent,
Mais le dard fut agité,
Lors la bataille fut engagée.
Il exhorta les hommes du Halogaland
Comme ceux des îles du Rogaland,
L’éminent vainqueur des ducs,
Il marcha au combat
Il avait une troupe fidèle
De Norvégiens, lui le prince généreux
Qui de frayeur emplit les îles danoises.
Droit il se tenait sous le heaume aquilin.
Il se dépouilla de son armure,
Sur la plaine il jeta sa broigne,
Le chef des guerriers,
Avant que de combattre.
Il riait avec les hommes,
Il devait défendre le pays,
Le prince à l’humeur enjouée.
Droit il se tenait sous le heaume doré.
Lors dans la poigne du prince
L’épée transperça
Les vêtements de Vafud
Comme si dans l’eau elle pénétrait.
Se fracassèrent les estocs
Se brisèrent les boucliers
Tonnèrent les épées
Sur les crânes des preux.
Foulées furent les targes
Sous les rudes pieds des gardes
Du Tyr des anneaux,
Du chef des Norvégiens.
Dans l’île la bataille faisait rage,
Les rois rougissaient
Les étincelants remparts de boucliers
Dans le sang des combattants.
Les flammes de douleur brûlaient
Dans les sanglantes plaies.
Les glaives lombards s’abattaient
Sur la poitrine des guerriers.
La mer des blessures écumait
Sur le cap des épées.
Le flot des framées se répandait
Sur le rivage de Stord.
Les rouges lueurs se mêlaient
Sous le ciel de l’orle de la targe.
Les tempêtes de Skogul se jouaient
Des nuages des anneaux.
Les vagues des estocs mugissaient
Dans la tempête d’Odin
Maint guerrier tombait
Entrainé par le torrent de l’épée.
Lors les princes se tenaient,
Epées tirées
Boucliers ébréchés
Broignes entaillées.
Point n’était de joyeuse humeur
Cette armée qui devait emprunter
Les chemins de la Valhalle.
Gondul déclara ceci,
S’appuyant sur la hampe de sa lance :
« A présent s’accroit le cortège des dieux,
Car elles ont convié chez elles,
Les puissances divines, Hakon
A la tête d’une nombreuse armée. »
Le prince entendit les paroles
Que, du haut de leur coursier,
Prononçaient les célèbres valkyries.
L’air réfléchi,
Le chef d’un heaume couvert,
Elles tenaient devant elles un bouclier.
« Pourquoi Skogul à la lance,
Décidas-tu ainsi du combat ? déclara Hakon,
Les dieux nous avaient pourtant jugés dignes de la victoire.
--Nous sommes cause, déclara Skogul,
Que tu restas maître du champ de bataille,
Mais tes ennemis prirent la fuite. »
« Nous devons chevaucher,
Déclara la puissante Skogul,
Vers le domaine verdoyant des dieux
Et annoncer à Odin
Que le souverain va venir
Afin de le voir en personne. »
« Hermod et Bragi
Déclara le maître des dieux,
Allez au-devant du prince,
Car voici qu’un roi,
Qui semble être un preux,
S’avance vers notre halle. »
Le prince déclara ceci,
Lui qui du combat arrivait
Tout de sang éclaboussé :
« Fort cruel
Nous semble Odin,
J’ai crainte de son cœur. »
« De tous les éminents guerriers
La paix te sera accordée.
Viens prendre part au banquet des Ases.
Adversaire des ducs,
Tu possèdes ici
Huit frères », déclara Bragi.
« Nos harnois,
Déclara le bon roi,
Nous les voulons conserver.
Du heaume et de la broigne,
Il faut prendre grand soin.
Il est bon de les tenir prêts. »
Lors fut révélé
Combien il avait protégé
Les sanctuaires, ce roi,
Quand toutes les puissances divines
Adressèrent à Hakon
Des souhaits de bienvenue.
Un jour faste,
Il naquit, ce prince
Qui possédait un tel cœur.
Toujours son époque
Sera tenue
Pour heureuse.
Libéré de ses liens,
Le loup Fenrir s’avancera
Vers les demeures des hommes
Avant qu’un souverain
Aussi bon n’emprunte
Le sentier délaissé.
Le bétail meurt,
Les parents meurent,
Le pays tout entier est dévasté.
Depuis que Hakon a rejoint
Les dieux païens,
Maintes gens sont asservies.