lundi, 21 janvier 2013 00:00

Rilke :sonnets à Orphée

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Sonnets à Orphée

(illustration  :  médaille représentant Orphée (1)

Orphée

Médaille (1)

Un dieu a ce pouvoir. Mais un homme , dis-moi,
Comment le suivrait-il par cette étroite lyre ?
Discorde est ton esprit. Pas de temple dressé
Pour Apollon à la croisée des chemins du cœur.

Le chant de ton enseignement n'est pas désir,
Ni la quête d'un bien qu'on puisse atteindre enfin.
Le chant est existence. Et le Dieu l'a facile.
Mais nous, Quand sommes-nous ? A quel moment fait-il

servir la terre et les étoiles à notre être ?
Ce n'est rien de cela , jeune homme , quand tu aimes,
Et même si la voix force la bouche. –Apprends

A oublier que tu chantas. Cela se passe.
Chanter en vérité se fait d'un autre souffle.
Rien d'autre qu'un souffle. Une brise en Dieu. Un vent .
(Traduction de Armel Guerne )

(je ne suis pas germaniste , alors pitié pour les fautes !)

Ein Gotts vermags. Wie aber, sag mir, soll
Ein Mann ihm folgen durch die schmale Leier?
Sein Sinn ist Zwiespalt. An der Kreuzung zweier
Herzwege steht kein Templ für Apoll.

Gesang, wie du ihn lehrst, ist nicht Begehr
nicht Werbung um ein endlich noch Erreichtes;
Gesang ist Dasein. Für den Gott ein Leichtes.
Wann aber sind wir ? Und wann wendet er

an unser Sein die Erde und die Sterne ?
Dies ists nicht, Jüngling, dass du liebst, wenn auch
Die Stimme dann den Mund dir aufstösst, - Ierne

Vergessen, dass du aufsangst. Das Verrinnt.
In Wahrheit singen , ist ein andrer Hauch.
Ein Hauch um nichts. Ein Wehn im Gott. Ein Wind.

Rilke: Narcisse  Par le Caravage

Narcisse par  Le Caravaggio

 Miroir/Spiegel

Spiegel : noch nie hat man wissend beschrieben
Was ihr in euerem Weisen seid
___
Miroirs, jamais encore en connaissance on n'a décrit
Ce qu'essentiellement vous êtes.
Vous , comme avec rien que des trous de crible,
Intervalles comblés du temps.

Prodigues même encore de la salle vide,
Vous, quand descend le soir profond comme les bois.
Et le lustre traverse, tel un cerf de seize corps,
Votre inaccessibilité.

Ce sont parfois des peintures qui vous remplissent.
D'aucune sont en vous, à ce qu'il semble, allées ;
Mais les autres craintives, n'ont fait que passer.

La plus belle pourtant, va demeurer là-bas
De l'autre bord, jusqu'à ce que, dans ses joues lisses
Pénètre , délié, le clair Narcisse.


Les sonnets à Orphée seconde partie Narcisse par Le Caravaggio

rilke-roses-anglaises-1

rilke roses anglaises


Rose, du thronende, denen im Altertume
warst du ein Kelch mit einfachem Rand.
...

Rose, ô toi la majestueuse, tu n'étais,
aux anciens , qu'un calice avec un simple bord.
Par contre , à nous, tu es l'absolu de la fleur,
son infini, l'objet inépuisable.

Si riche, tu parais porter robe sur robe
d'apparat sur un corps qui n'est rien que splendeur;
mais à lui seul, ton pétale aussi bien,
est l'éviction, le démenti de tout costume.

Depuis des siècles nous appelle ton parfum
de loin, de tous ses noms les plus suaves;
soudain , comme une gloire , il est couché dans l'air.

Mais le nommer, non, nous ne saavons pas. Nous cherchons à ..
Et voilà que verslui s'en va le souvenir
Que nous quêtions des heures de mémoire.
Sonnets à Orphée

(1) http://www.medaillescanale.com/entreprise_creation.asp

Lu 8229 fois Dernière modification le vendredi, 26 septembre 2014 12:58

2 Commentaires

  • Lien vers le commentaire MJ mardi, 30 décembre 2014 14:08 Posté par MJ

    Je crois que la nature a créé les fleurs dans la diversité ,pour que chacun de nous y trouve sa beauté particulière.
    Et oui je sais ma Sunny combien tu aimes Rilke ; c'est avec toi que je l'ai découvert !

  • Lien vers le commentaire Sunny lundi, 29 décembre 2014 22:11 Posté par Sunny

    Une rose seule, c'est toutes les roses
    et celle-ci : l'irremplaçable,
    le parfait, le souple vocable
    encadré par le texte des choses.

    Comment jamais dire sans elle
    ce que furent nos espérances,
    et les tendres intermittences,
    dans la partance continuelle.

    Aus: Les Roses
    Rainer-Maria Rilke

    J'aime tant Rilke, qui en quelques mots élégants nous dit l'essentiel. J'aime ce poèmes dédié aux roses ... en voici un autre !

    Samedi dernier encore, au cours d'une promenade, j'ai vu des roses en fleurs dans divers jardins ... aujourd'hui, elles doivent être des bijoux givrés servant d'offrande au Roi de l'Hiver

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