jeudi, 07 juin 2018 22:00

Kazantzakis Nikos

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Son épitaphe :
« Je n'espère rien,
je ne crains rien,
je suis libre. »

 

Romancier, philosophe, poète, dramaturge, traducteur

Níkos Kazantzákis (en grec moderne : Νίκος Καζαντζάκης) ou Kazantzaki, né le 18 février 1883 à Héraklion, en Crète, et mort le 26 octobre 1957 à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), est un écrivain grec principalement connu pour son roman Alexis Zorba, adapté au cinéma sous le titre Zorba le Grec (titre original : Alexis Zorba) par le réalisateur Michael Cacoyannis, et pour son roman La Dernière Tentation du Christ, également adapté au cinéma par le réalisateur Martin Scorsese sous le titre La Dernière Tentation du Christ (titre original : The Last Temptation of Christ). (Présentation  Wikipedia)

J’ajouterais Grand voyageur, homme d’action
Homme d’engagements, engagements qui furent multiples pour cet homme passionné en quête de vérité(s). Je retiens : de Bergson à Nietzsche , du Communisme à Bouddha et un retour à un idéal christique.
Une figure fascinante, réceptive aux évènements de son époque qu’aucun ne pouvait le laisser sans doute indifférent et dans lesquels il a dû s’engager avec sa passion de l’homme et des sociétés , de l’individu et du collectif , du matérialisme naturel à la transcendance du spirituel.
On peut y lire l’expression extrême des tensions contraires qui nous habitent et nous font constamment hésiter : engagement c/renoncement , écartelés par le besoin de participation et le retrait de la scène bruyante et éprouvante du monde .
L’homme nietzschéen Dionysos et Apollon à la fois, particulièrement représenté dans le couple de son roman Zorba le Grec.

Zorba,  aller et retour  du  film au  livre  et du livre  au film

Zorba the Greek1C’est la célèbre scène du film de Cacoyannis qui m'a interpellée récemment. L’expression de cette apothéose joyeuse, communicative, répandue avec bonheur parmi nous, si souvent partagée.
L’unisson me plait , c’est un sentiment exaltant , qui se traduit dans des moments d’exception où les hommes s’accordent sans distinction d’âges, de genres, de catégories sociales . Qu’importe si le « sirtaki » n’est pas rigoureusement authentique , si la chorégraphie est maladroite , cette scène est un exploit et elle s’est imposée dans beaucoup de mémoires pour symboliser et communiquer la joie heureuse et la liberté d‘être simplement ce qu’on est , sans calcul sans ambition , sans souci du paraître , dans ce monde tel qu’il est riche ou ingrat , aride ou splendide pourvu que large , le corps puisse s’y livrer à quelques pas de danse en s’abandonnant au rythme de la musique.
Mais comme le bonheur n’existe pas dans la durée on ne peut en prolonger l’extase. L’homme est curieux et son regard ne peut rester figer dans une image, si attachante soit-elle.
D’autres images se pressent pour la remplacer , des paysages plus brumeux , moins ensoleillés , des visages plus tragiques , une femme lapidée, une ancienne chanteuse aux traits enlaidis par la vieillesse au milieux de ses dentelles défraîchies, des silhouettes torturées, tordues comme les arbres de cette région aride crétoise .

 

Encore amplement édulcorées sous l’effet de cette scène emblématique , des images plus sombres du film de Michael Cacoyannis s’organisent pour composer un tableau plus réaliste, peinture d’un monde brutal soumis au poids des traditions où le charisme des acteurs laisse cependant une place généreuse à la tendresse et à la complaisance envers la nature humaine.

Curiosité insatisfaite, j’ai rouvert le livre de Kazantzakis. . Derrière le narrateur, cet homme encore jeune et fort de ses illusions , l’auteur confronte ses idéalismes au matérialisme débonnaire de Zorba qui ne croit en rien et surtout pas en l’homme, mais sait s’en accommoder parce qu’il est lui-même un homme repoussant toute quête d’absolu qui limiterait sa liberté. C’est dans l’imperfection de nature qu’il trouve la source de son constant étonnement, et dans ses propres faiblesses la justification de son indulgence pour les égarements de ses semblables .
Tournant en dérision les principes de son « patron » et ses idéaux puérils Zorba mène la danse et les deux hommes vont d’échecs en échecs , de désillusions en désillusions. L’un pêche par les atermoiements que lui dictent ses scrupules, l’autre par un insatiable besoin d’action , Excès de réflexion chez l’un, trop plein d’énergie chez l’autre , alternativement les vertus de l’un se font handicap chez l’autre , dans l’expérience de leur entreprise comme dans leurs relations aux autres .
Mais si chez l’un les échecs sont douloureux avec l’épuisante difficulté à les surmonter comme s’ils s’accumulaient pour mieux le briser , Zorba , en bon nietzschéen , en fait sa force et les chasse dans un éclat de rire .
En dépit d’une profonde amitié , les deux hommes se séparent , aucun d’eux n’aura convaincu l’autre, leurs existences sont inconciliables chacun va son chemin avec ses certitudes et c’est je crois le message de Kazantzakis que je retiendrai .

Je croyais devoir réviser mon enthousiasme pour cette séquence inoubliable de joie de vivre qui demeure dans nos mémoires et pouvait trahir l‘intention de l’auteur. Finalement en refermant le livre , je crois au contraire qu’elle exprime ce point de rencontre de deux expériences de la vie aspirant comme nous tous au bonheur , un moment fugace mais intense le temps d’un pas de danse .

 

Lu 3361 fois Dernière modification le samedi, 31 août 2019 20:07
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