Joaquín Sorolla (1863-1923), né à Valence et très tôt orphelin, se forme à la peinture dans une Espagne encore marquée par le réalisme social. Après des séjours décisifs à Rome et à Paris, il s’impose d’abord par des œuvres sombres et puissantes consacrées aux pêcheurs, au labeur et à la misère humaine. La reconnaissance internationale arrive vite, et avec elle un déplacement de son œuvre vers une peinture plus lumineuse, célébrant la mer, l’enfance, la vie méditerranéenne et, plus tard, une bourgeoisie cultivée qui devient son principal commanditaire. Sa célébrité culmine avec la grande série monumentale Vision de l’Espagne pour la Hispanic Society of America. Une attaque cérébrale en 1920 met fin à sa carrière ; il meurt en 1923.
Réduit trop souvent à un « peintre de la lumière », Sorolla est en réalité un artiste d’une rare intelligence du corps. Son talent ne tient pas seulement à l’éclat solaire de sa palette, mais à sa capacité exceptionnelle à rendre la densité physique des êtres : le poids des corps, les appuis, la résistance au vent, à l’eau, à l’effort. Ses figures ne flottent jamais ; elles s’inscrivent dans un monde matériel contraignant. Dessinateur solide, presque anatomiste du mouvement, il saisit des attitudes complexes, instables, toujours crédibles. La couleur ne dissimule pas la structure : elle l’anime.
Le choix de ses thèmes évolue au fil de sa carrière. D’abord critique et social, il devient plus esthétique, parfois mondain, avant de retrouver, dans ses œuvres tardives, une attention plus calme et plus juste à la vie ordinaire. Chez Sorolla, la peinture n’est jamais abstraite : elle est un acte de présence au réel. La lumière n’efface pas le monde — elle le rend habitable, corporel, vivant.
Le retour de la pêche (1894) 265x325 cm
225x225 cm
Nina Sorolla 
Joaqunina
Gitane
En sortant du bain (1915)
Promenade au bord de la mer