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samedi, 04 avril 2015 17:42

Lamartine,Salut brillants sommets

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Carl Gustav carus : haute montagne

Carl Gustav Carus : haute montagne

Solitude

Alphonse de Lamartine

 

(extraits)

[...]

Salut, brillants sommets ! champs de neige et de glace !

Vous qui d'aucun mortel n'avez gardé la trace,

Vous que le regard même aborde avec effroi,

Et qui n'avez souffert que les aigles et moi !

Œuvres du premier jour, augustes pyramides

Que Dieu même affermit sur vos bases solides,

Confins de l'univers, qui, depuis ce grand jour,

N'avez jamais changé de forme et de contour !

Le nuage, en grondant, parcourt en vain vos cimes,

Le fleuve en vain grossi sillonne vos abîmes,

La foudre frappe en vain votre front endurci :

Votre front solennel, un moment obscurci,

Sur nous, comme la nuit, versant son ombre obscure,

Et laissant pendre au loin sa noire chevelure,

Semble, toujours vainqueur du choc qui l'ébranla,

Au Dieu qui l'a fondé dire encor : « Me voilà ! »

Et moi, me voici seul sur ces confins du monde !

Loin d'ici, sous mes pieds la foudre vole et gronde ;

Les nuages battus par les ailes des vents

Entrechoquant comme eux leurs tourbillons mouvants,

Tels qu'un autre Océan soulevé par l'orage,

Se déroulent sans fin dans des lits sans rivage,

Et devant ces sommets abaissant leur orgueil,

Brisent incessamment sur cet immense écueil.

Mais, tandis qu'à ses pieds ce noir chaos bouillonne,

D'éternelles splendeurs le soleil le couronne :

Depuis l'heure où son char s'élance dans les airs,

Jusqu'à l'heure où son disque incline vers les mers,

Cet astre, en décrivant son oblique carrière,

D'aucune ombre jamais n'y souille sa lumière,

Et déjà la nuit sombre a descendu des cieux

Qu'à ces sommets encore il dit de longs adieux.

[...]

Nouvelles méditations poétiques (1823)

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Lu 3638 fois Dernière modification le samedi, 04 avril 2015 19:15

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